Le brief éco. Bayer enterre le nom Monsanto, mais pas ses glyphosates
L’allemand Bayer a racheté jeudi l’américain Monsanto et son glyphosate. Bayer a déboursé 54 milliards d’euros.
L’industrie agrochimique a un nouveau géant mondial et il est européen : l’allemand Bayer a conclu jeudi 7 juin le rachat de l’américain Monsanto et son très décrié glyphosate. Pour mettre la main sur Monsanto, Bayer a déboursé 54 milliards d’euros. Le numéro un de la santé en Europe veut devenir aussi le numéro un de l’agriculture aux ambitions mondiales. La première décision de Bayer est symbolique : le groupe a enterré immédiatement le nom sulfureux de Monsanto, synonyme pour ses détracteurs des dérives de l’agrochimie. Ce qui n'est que de pure forme puisque ses produits resteront commercialisés à l’identique, dont le Roundup fabriqué justement à base du fameux herbicide glyphosate.
Le défi : reconquérir les opinions
Poids du nouvel ensemble : 115 000 salariés dans le monde, 45 milliards d’euros de revenus annuels. L’ensemble Bayer Monsanto, c’est la combinaison des produits pharmaceutiques et phytosanitaires du premier avec les plantes et semences du second. Bayer estime qu’à l’horizon 2050, il y aura dix milliards de bouches à nourrir, mais avec des terres agricoles fortement touchées par le réchauffement climatique. Une population croissante dans les pays en voie de développement et vieillissante dans les pays développés, ce qui appelle des réponses en termes de santé publique : hématologie, problématiques cardiovasculaires, scléroses en plaques, développement de la thérapie cellulaire, etc.
Le nom Monsanto est effacé mais pas celui du glyphosate. La polémique est donc loin d’être éteinte. Les opposants, écologistes ou non, estiment que Bayer va continuer à dicter sa loi sur les prix, les normes de qualité et le lobbying politique. Le vrai défi pour le nouvel ensemble va être de reprendre en main ce dossier et de regagner la confiance de l’opinion.
Glyphosate et OGM
Le glyphosate est un produit générique développé il y a 40 ans. Plus de cent millions d’euros ont été investis pour chercher une alternative mais on n’a jamais trouvé la solution. L’objectif est de mettre au point les alternatives qui permettront aux agriculteurs de se passer de ce produit, faire en sorte que les plantes se protègent elles-mêmes. Les réponses ne relèveront pas uniquement de la chimie. Concernant les OGM, par exemple, Bayer veut surveiller l’évolution du génome pour faire mieux que les organismes génétiquement modifiés purs et durs américains.
Les synergies qui naîtront du rapprochement des deux groupes sont évaluées à 1,5 milliard d’euros. Ils vont consacrer une grosse partie des économies réalisées par les synergies issues de la fusion dans la recherche et le développement. Bayer sait très bien que sans transparence ni avancée majeure de la recherche, la reconquête de l’opinion n’aura jamais lieu.
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