Le brief éco. Assises du Produire en France : la querelle des Anciens et des Modernes ?
Les Assises du Produire en France se tiennent jeudi 14 et vendredi 15 septembre à Reims (Marne). Ce rendez-vous fait la promotion du label "Origine France garantie", mais il ne s’agit pas du "Made in France" à proprement parler. Il y a de quoi se perdre dans tous ces labels.
Le label "Origine France garantie" est à l'honneur de la troisième édition des Assises du Produire en France. Quelle différence entre "Made in France" et "Origine France garantie" ? La première mention est attribuée par les douanes et stipule que le produit concerné prend l’origine du pays dans lequel il a subi la dernière transformation. Autrement dit, il peut comporter des produits, matières premières ou composants en provenance de pays étrangers. Le label Origine France Garantie, inventé par le député de Seine-et-Marne, Yves Jégo, en 2010, est plus exigeant : il faut que 50% du prix de revient (le coût de la fabrication du produit) soit réalisé sur le sol français. Aujourd’hui, 1 700 gammes de produits sont ainsi estampillées dans plus de 500 entreprises.
Les consommateurs prêts à payer (un peu) plus
Dans tous les cas, les études montrent que 90% des Français sont prêts aujourd’hui à payer plus cher pour acheter "bleu blanc rouge". Mais si la question posée est : "Êtes-vous prêt à payer un produit 5 à 10% plus cher s’il est fabriqué en France ?", la réponse positive est assurée. Or, la question est biaisée. Il faut savoir que le différentiel de prix à la frontière (avec les taxes, les frais, etc…) n’est pas de 5 ou 10%, mais dans un rapport de un à trois, ce qui change radicalement la donne en valeur. Il faudrait donc demander aux Français : "Êtes-vous prêt à payer un produit deux à trois fois plus cher ?" La réponse serait très probablement différente.
Des produits à la fabrication "mondialisée"
La réflexion autour du "fabriqué en France " est beaucoup plus large qu’un simple logo. Prenons pour exemple l’iPhone d’Apple : il est conçu en Californie, fabriqué au Japon ou en Malaisie, et assemblé en Chine. Mais on l’ignore : le gyroscope qui permet la rotation des photos sur l’écran et le système d'imagerie 3D qui équipent le tout dernier modèle d’iPhone, présenté mardi 12 septembre, est fabriqué par le groupe franco-italien STMicroelectronics, qui fait vivre près de 7 000 foyers à Grenoble et sa région, en Isère.
Label ou pas, c’est la France dans la mondialisation. Il ne faut pas tout rejeter en bloc. Ce qui compte pour les producteurs, c’est de pouvoir vendre leurs idées et leurs produits – en France – mais en s’inscrivant dans une chaîne de production mondiale, exportatrice, ce que maîtrisent difficilement beaucoup de PME. Un logo ou une appellation, c’est bien ; un terrain fiscal et réglementaire favorable et pas trop compliqué pour les entrepreneurs, c’est encore mieux.
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