Le brief éco. Algérie : entre malédiction du pétrole et bénédiction de sa jeunesse
Abdelaziz Bouteflika ne briguera pas un cinquième mandat à la présidence de l’Algérie. Gros plan sur la situation économique du pays, très dépendant des hydrocarbures.
Le chef de l'État algérien Abdelaziz Bouteflika ne briguera pas un cinquième mandat à la présidence de l’Algérie. Au niveau économique, son successeur sera à la tête d'un pays qui est très dépendant des hydrocarbures.
Le dernier rapport de la Banque mondiale annonce la couleur. La croissance de l’économie algérienne devrait ralentir cette année encore sous l’effet combiné de deux facteurs : la diminution progressive des dépenses publiques et la baisse de la rente pétrolière due la chute des cours du brut. Les deux sont directement liés : moins de revenus tirés du pétrole, cela fait moins de rentrées d’argent dans les caisses publiques. Fini l'État-providence. Les robinets sont coupés à tous les niveaux et ce n'est pas les secteurs du tourisme ou de l'agriculture qui peuvent prendre intégralement le relais. Sérieuse correction attendue de la croissance économique algérienne : autour de 3% en 2018, elle devrait descendre entre 1,5% et à peine 2% à l’horizon 2021. L’économie algérienne aujourd’hui, c’est clairement le problème de l'or noir : le pays est le troisième producteur de brut d’Afrique derrière le Nigéria et l’Angola.
Place non négligeable du gaz naturel
Dans l’ensemble, plus de 90% des revenus d’exportations de l’Algérie sont tirés du pétrole et du gaz naturel (environ 40% pour le gaz naturel devant le pétrole 30%). Les hydrocarbures représentent 60% des recettes fiscales de l’État algérien. La manne pétrolière en baisse pose problème pour un État qui a besoin d’investir, notamment pour sa population très jeune qui représente une richesse importante. Mais une jeunesse qui ne voit pas l’avenir, qui ne peut envisager son avenir dans les conditions actuelles. 70% de la population algérienne a aujourd’hui moins de trente ans. Plus de la moitié des 16-24 ans est au chômage. La pression démographique est très forte, le pays a besoin d'un développement important, notamment dans les infrastructures de transports et de logements. Mais la crise du financement de l’Etat a reporté grand nombre de chantiers d’infrastructures publiques.
Investisseurs internationaux
Les investisseurs chinois sont aux aguets. Pékin a bien compris le rôle de l’Algérie comme porte d’entrée dans le monde arabe. Un point sur lequel les pays d’Europe du Nord doivent être très vigilants. Une des forces de l’Algérie aujourd’hui est de pouvoir jouer sur les relations euro-Méditerranée. Entre l’Europe et l’Afrique subsaharienne, entre l’euro et le franc CFA arrimé à la monnaie unique européenne. Le franc CFA est utilisé aujourd'hui par quatorze pays francophone au Sud du Sahara. Mais le potentiel considérable de l’Algérie est bien la jeunesse de sa population. Qui dit jeunes dit formation, nouvelles technologies, numérique, etc. Dans ces domaines l'Europe du Nord peut aider l'Algérie d'aujourd'hui et préparer celle de demain. Une page se tourne avec le départ annoncé d'Abdelaziz Bouteflika. Algérie, entre malédiction du pétrole et bénédiction de sa jeunesse
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