Le brief éco. Air France - AccorHotels, c’est du sérieux ?
Un mariage Air France avec le groupe privé AccorHotels pour créer un géant du tourisme et du voyage… est-ce du sérieux ? Rien d'officiel pour l'instant mais depuis lundi les langues se délient.
Après AccorHotels, qui a confirmé les rumeurs de presse tout en précisant que les réflexions n’en étaient qu’au stade préliminaire, le gouvernement a réagi par la voix de la secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie : "Nous sommes ouverts au principe d’un rapprochement dès lors qu’il y a un sujet industriel qui tient la route", dit Delphine Gény-Stephann, soulignant que l’État "aurait quand même son mot à dire".
Le rapprochement fait sens
Ce rapprochement Air France avec AccorHotels est un vieux projet du géant hôtelier finalement plein de sens : réunir un leader de l’hôtellerie et une compagnie aérienne pour créer un géant européen du voyage, et faire face à la concurrence d’opérateurs en ligne très compétitifs tels Booking ou Expedia. Le dossier, resté dans les limbes, est aujourd’hui rouvert avec la crise de gouvernance que traverse Air France depuis la démission du patron Jean-Marc Janaillac le mois dernier en réaction au rejet de l’accord salarial par les syndicats, de pilotes notamment.
L’Etat détient aujourd'hui 14,3% du capital d’Air France-KLM. Plusieurs scénarios sont à l'étude mais l'un d'eux serait qu’AccorHotels reprenne la part de l'Etat valorisée environ 440 millions d’euros. Le patron d'AccorHotels, Sébastien Bazin, pourrait alors prendre la présidence non exécutive de la compagnie aérienne.
Ce projet a-t-il des chances d’aboutir ?
Le dossier est compliqué et les marchés ont réagi : à la Bourse de Paris, lundi, le titre AccorHotels a perdu 7% pendant qu'Air France en gagnait plus de cinq. Réactions mitigées, donc. Le secteur aérien est très difficile mais l’union des compétences respectives de l’hôtelier et du transporteur offriraient aux clients une palette enrichie de services dans le monde entier.
Enfin, pour ce qui est de l’Élysée et de Matignon, le dossier est politiquement ultrasensible. Mais en faisant sortir l'État du capital d’Air France avec un vrai projet industriel à la clef, le président de la République, Emmanuel Macron, enverrait un message très clair à celles et ceux qui ont poussé leur patron à bout. En substance : "Vous pensiez que l’État providence viendrait de toute façon au secours de la compagnie ? Eh bien non. Bientôt, chers pilotes, personnels au sol et navigants commerciaux, vous connaîtrez peut-être les exigences d’un autre actionnariat, à vous d’écrire votre avenir !" C’est ce qui s’appelle mettre les gens devant leurs responsabilités.
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