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Le brief éco. Frais d’itinérance téléphonique : de la friture sur la ligne à Bruxelles

Réuni en session plénière cette semaine à Strasbourg, le Parlement européen va traiter la question des frais d’itinérance télephonique, ou roaming. Un vrai casse-tête pour les dirigeants européens.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Touriste en transit dans un aéroport brésilien. (MIGUEL SCHINCARIOL / AFP)

Depuis avril dernier, tous les opérateurs baissent leurs tarifs de roaming : le surcoût que nous payons pour télephoner vers ou depuis l’étranger. Ce sont des dizaines de centimes gagnés par les clients mais la question demeure. Les frais d’itinérance doivent prendre fin en juin 2017 et l’affaire tourne à l’eau de boudin dans les hautes instances bruxelloises. Réuni en session plénière cette semaine à Strasbourg, le Parlement européen va traiter la question des frais d’itinérance télephonique.

La Commission européenne veut encadrer le système

Bruxelles tergiverse. Lundi 5 septembre, la Commission européenne avait fixé un seuil de 90 jours par an pendant lesquels un consommateur était assuré de pouvoir utiliser son télephone à l’étranger sans devoir payer de frais supplémentaires. Mais le vendredi suivant, le texte a été retiré à la demande expresse du président de la Commission. Jean-Claude Juncker réclamant un texte "plus ambitieux" pour défendre le client.

Les opérateurs veulent garder "l'intercom"

Bruxelles est prise entre deux feux : elle entend les associations de consommateurs selon lesquelles ces surcoûts ne sont pas économiquement justifiés,ce que contestent les opérateurs télephoniques. Pour ces derniers, supprimer les frais de roaming entraînerait un sérieux manque à gagner.

Les revenus des opérateurs liés aux frais d'itinérances sont estimés à une cinquantaine de milliards d'euros. En réalité, un flux vocal, ou l'envoi d'un SMS, ne coûte pas plus cher entre Madrid et Paris qu’une conversation entre Guéret dans la Creuse et Ploërmel dans le Morbihan.

Ce qui coûte, c’est ce que l’on appelle l’"intercom" : le prix que l’opérateur télephonique d’un pays X verse à l’opérateur d’un pays Y pour qu’il achemine la communication de son client. Exemple : si demain, Maroc Telecom n’a plus à verser quoi que ce soit à Orange pour que ce dernier achemine les communications de ses clients vers la France, cela fera de l’argent en moins pour le groupe français et vice versa.

En embuscade, Google, Amazon, Facebook ou Apple

Les opérateurs sont particlièrement remontés contre la suppression de ces frais d'itinérance. Le patron de Bouygues Telecom, Olivier Roussat, y voit la porte ouverte à des groupes comme Google, Amazon, Facebook ou Apple pour qu'ils se transforment en opérateurs télephoniques en Europe, sans avoir à réaliser de lourds investissements. Tout bénéfice pour les groupes américains qui n’auraient qu’à revendre des forfaits télephoniques à moindre coût.

On voit donc les intérêts divergents auxquels est confrontée la Commission européenne et rien ne dit qu’une décision sera prise cette semaine à Strasbourg. Parmi les pistes possibles : inciter les opérateurs à former des alliances entre eux, à l’instar des compagnies aériennes, pour réaliser des économies d’échelle. Si le client n’est pas satisfait, il pourra changer de crèmerie mais nous n'y sommes pas encore.

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