Croissance : la France résiste toujours, mais jusqu’à quand ?
Dans sa dernière enquête mensuelle de conjoncture menée auprès des chefs d’entreprise entre le 21 juillet et le 4 août, la Banque centrale parle d’un Produit international brut (PIB) en hausse de 0,1% en juillet, et prévoit même une croissance “légèrement positive” au 3e trimestre par rapport au précédent.
À priori, rien de spectaculaire, mais cette annonce vient après la bonne surprise de la croissance au 2e trimestre, estimée fin juillet par l’Insee à +0,5%, nettement supérieure aux attentes.
Autant de chiffres qui confirment la bonne résistance de l’économie française, et qui pourraient permettre au gouvernement d’atteindre son objectif d’une croissance de 1% sur l’ensemble de 2023.
La Banque de France constate tout d’abord une amélioration générale de l’activité. En juillet, elle progresse dans l’industrie, les services, et même dans le bâtiment pourtant en difficultés.
Parallèlement, l’indicateur d’incertitude de l’enquête est en repli pour ces trois secteurs. Les chefs d’entreprise interrogés évoquent aussi un tassement de l’inflation sur les matières premières, et moins de difficultés d’approvisionnement. Si l’on regarde maintenant les données de l’Insee du 2e trimestre - qui vont encore être affinées d’ici à la fin août, on voit que c’est le commerce extérieur et le dynamisme des exportations qui sauvent la croissance, ce qui devrait encore être le cas au 3e trimestre. Les chiffres publiés cette semaine d’un déficit commercial en nette amélioration à moins 54 milliards d’euros au 1er semestre, vont dans ce sens.
Globalement, la France s’en sort beaucoup mieux que la plupart de ses voisins européens : l’Allemagne est en stagnation, l’Italie voit son économie se contracter, tout comme la Suède ou encore l’Autriche. Il n'y a guère que l’Espagne – qui comme la France – tire son épingle du jeu.
Est-ce que ça peut durer ?
Si l’on en croit la plupart des économistes, cette dynamique pourrait bien s’essouffler en fin d’année.
La Banque de France elle-même reconnaît que les facteurs de soutien de ces derniers mois sont “temporaires”, alors que pour l’Insee, “la tendance de fond de l’économie française est plus modérée” qu’elle n’y paraît. En début de semaine, le nouveau ministre du Commerce extérieur, Olivier Becht, lui aussi se montrait prudent, citant le ralentissement des partenaires commerciaux de la France en zone euro, et le redémarrage décevant de la Chine.
Et puis il y a les hausses de taux de la Banque centrale européenne (BCE), qui freinent l’activité, en rendant le crédit plus cher pour les particuliers comme pour les entreprises.
C’est donc une fin d’année plus délicate qui se profile, sauf si la consommation – le traditionnel moteur de la croissance – en berne jusqu’ici, finit par prendre le relais, sous l’effet du ralentissement de l’inflation et de la hausse des salaires.
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