Country Garden, le promoteur immobilier chinois au bord du gouffre qui fait trembler Pékin
Dans un communiqué adressé à la Bourse de Shanghai, Country Garden évoque des “incertitudes considérables” sur le remboursement de ses échéances. Il y a quelques jours déjà, le promoteur immobilier, longtemps considéré comme solide financièrement, était incapable de payer les intérêts de certains de ses emprunts, et devait suspendre la cotation d’une dizaine de ses obligations. Endetté à hauteur de 150 milliards d’euros, ses déboires font craindre une faillite retentissante, à l’image de la descente aux enfers de son concurrent Evergrande il y a deux ans, qui, lui aussi, avait marqué les esprits. Mais avec Country Garden, on change de dimension, puisqu’il exploite quatre fois plus de chantiers de construction que son rival, et qu’il figure dans le classement Forbes des 500 plus grosses entreprises mondiales.
La course en avant des promoteurs
Country Garden c’est un peu le symbole du boom immobilier chinois de ces dernières décennies, et de la course en avant des promoteurs pour construire encore plus et répondre à une demande de logements toujours plus forte. Mais face à la surchauffe du secteur et à l’envolée de son endettement, les autorités ont commencé à durcir les conditions d’accès au crédit des promoteurs, qui ont vu leurs sources de financement se tarir, entraînant des défauts de paiement en cascade. La banque centrale chinoise a beau tenter aujourd’hui d’inverser la tendance en baissant ses taux pour faciliter le crédit, la machine est grippée et les prix de l’immobilier continuent de chuter, surtout dans les petites villes où Country Garden réalise 60% de ses projets.
Présent hors de Chine, le promoteur paie aussi le prix de sa folie des grandeurs, avec le lancement en Malaisie d’un projet à 100 milliards de dollars baptisé “Forest City” pour la construction d’une ville du futur sur des îles artificielles. Sept ans après le premier coup de pioche, le projet est un fiasco, il ressemble plus à une ville fantôme.
Des conséquences sur l’économie chinoise
Quand on sait que l’immobilier représente le quart du PIB chinois, un tel scénario serait une catastrophe. Au-delà des promoteurs, l’inquiétude porte sur les puissants conglomérats, piliers du système financier non bancaire et qui ont abondamment misé sur l'immobilier. Ces acteurs de ce que l’on appelle la finance parallèle, ou “shadow banking”, qui collectent l’épargne des chinois, pour ensuite accorder des prêts et investir dans la pierre ou sur les marchés financiers, pèseraient quelque 2900 milliards de dollars. D’où la nervosité des marchés boursiers, qui tanguent depuis quelques jours en Asie.
Au-delà de la Chine, de grands noms de la finance mondiale seraient aussi exposés à la dette de Country Garden. L’agence Bloomberg cite le géant américain de la gestion d’actifs BlackRock, ou encore le numéro un européen de l’assurance Allianz. Aujourd’hui, Country Garden dispose d’un délai de grâce d’un mois pour régulariser sa situation, faute de quoi, il sera officiellement en défaut de paiement.
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