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Sciences : les organoïdes, une solution pour remplacer les animaux de laboratoire

Ils permettent d’éviter certaines expériences sur les animaux ou de greffer de la peau à des grands brûlés, l'utilisation des mini-organes se développe dans le domaine de la recherche médicale. L'institut Gustave Roussy de Villejuif a même lancé un essai clinique inédit sur des copies de tumeurs pour tester des traitements.

Article rédigé par Anne-Laure Dagnet
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un bloc opératioire à l'hôpital de la Pitié-Salpétrière à Paris. (VÉRONIQUE JULIA / RADIO FRANCE)

Près de deux millions d'animaux ont servi à faire des expériences en laboratoire en France en 2019. Dans certains cas les scientifiques peuvent épargner ces animaux et se servir d'organoïdes. Ce sont de mini-organes fabriqués à partir de vraies cellules humaines.

L’intestin, le foie, le rein, la rétine, la peau et même le cerveau peuvent être reconstitués en miniature. Les chercheurs les utilisent pour fabriquer des greffons, pour étudier les réactions d'un organe face à un pathogène, ils servent aussi à tester des thérapies. Les mini-organes ont l'avantage d’être plus proches de l'organisme humain que les animaux et donc plus efficaces pour trouver les bons médicaments.

Il y a plusieurs méthodes pour fabriquer des organoïdes, que détaille Vincent Flacher, immunologue, responsable du groupement de recherche sur les organoïdes et chercheur au CNRS : soit on part des cellules d’un organe, et on recrée cet organe, soit on prélève des cellules, dans le sang par exemple, on les re-programme en cellules souche à partir desquelles on peut obtenir des cellules de foie ou d’un autre organe. Le principe, c’est que la structure soit capable de reproduire au moins une fonction de l’organe et qu'elle se régénère.

Plus efficaces... mais pas parfaits

On utilise déjà beaucoup ces organoïdes, notamment pour fabriquer des greffons mais aussi pour trouver des traitements contre le cancer. À l'institut Gustave-Roussy de Villejuif, un essai clinique inédit a été lancé pour savoir comment un patient atteint d'un cancer de l'intestin réagit à divers traitements. L’idée, c’est de prélever un bout de la tumeur du patient, d’en faire des organoïdes, des mini-tumeurs sur lesquelles les médecins testent plusieurs traitements. Ils sélectionnent celui qui fonctionne le mieux, c'est du sur-mesure et c’est donc beaucoup plus efficace.

En revanche, fabriquer des organoïdes prend du temps, plusieurs semaines, voire plusieurs mois pour des mini-cerveaux, et cela coûte cher. Ces mini-organes sont encore imparfaits, ils ne sont pas vascularisés ou innervés. Et ce ne sont que des éléments isolés, ils ne peuvent donc pas reproduire le fonctionnement de tout l’organisme.

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