Cet article date de plus de deux ans.

Pourquoi ces requins depuis quelques jours près des plages varoises ?

Trois requins se sont rapprochés très près des côtes varoises ces dix derniers jours. Il n’y a pas vraiment eu de mouvement de panique, au contraire, les professionnels du tourisme – et les touristes eux-mêmes – s’en réjouissent. D’autant qu’a priori, il n’y aurait pas de danger pour l’homme, en Méditerranée en tout cas.

Article rédigé par franceinfo - Bérengère Bonte
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un requin Mako et un plongeur. Image d'illustration. (MEDIADRUMIMAGES/RILEYELLIOT/AMBERJONES / MAXPPP)

Sur le coup, le pêcheur qui était parti chercher du maquereau au large de Fréjus a quand même été surpris de remonter sur sa ligne un requin mako de presque 1 mètre de long. Une espèce de requin blanc en danger d’extinction en Méditerranée. Là, c’était un jeune qui vivait moins en profondeur que les adultes et qui devait chercher des maquereaux précisément. Le pêcheur en a été quitte pour une bonne frayeur.

Le requin mako c’est le plus rapide au monde : presque 100km/h quand il chasse. Quelques jours plus tôt, deux femelles à peau bleue cette fois ont été vues, l’une de 4 m de long, signalée là encore par des pêcheurs et qui a pris la fuite. L'autre, à 20 mètres de la plage à Hyères. Elle est restée 3/4 jours, en face de la crique de Port-Hélène. L’aileron triangulaire, un peu arrondi aux extrémités tournait près des rochers. C'est vite devenue l’attraction du coin : l’hôpital San Salvador, juste en face, l’a même baptisée "Sharkinette" (de l’anglais Shark, le requin). Dès qu’ils ont été prévenus par la mairie, les scientifiques du Groupe phocéen d’étude des requins et du CNRS ont bloqué l’accès pour l’observer et ils ont vite compris qu'elle dysfonctionnait.

"Sharkinette" est venue mourir sur la plage le 30 juillet, après s’être automutilée en se frottant sur les rochers. Nicolas Ziani, le responsable scientifique de ce groupe d’étude des requins, pense à un agent pathogène qui lui aurait détérioré le cerveau. Phénomène extrêmement rare chez ces requins. Aucune autopsie n’a été autorisée – l’évacuation rapide a été réclamée pour raison sanitaire. En tout cas, ce qu’il avait compris tout de suite c’est que cette femelle bleue était "gestante" et s’était approchée des côtes pour mettre au monde ses petits et les y a laissés à l'abri des prédateurs jusqu'à la taille adulte (environ 1m30). On appelle ça une nurserie. Il faut dire que les femelles requins bleus ont fort à faire : entre 50 et 135 petits par portée.

Entre 600 et 1 000 requins vivent dans la Méditerranée

Cette présence de requins est normale, rien à voir par exemple avec un phénomène de réchauffement des eaux comme certains l’ont imaginé. Environ 50 espèces de requins vivent en Méditerranée, entre 600 et 1 000 animaux. Pour Nicolas Ziani, ils ne sont pas plus nombreux cette année. Il y a simplement de plus en plus de touristes et donc plus de gens pour les signaler.

Aucune attaque à signaler contre l'homme en Europe. L’international Shark attack file (la référence mondiale sur les requins) signale quand même une recrudescence d'attaques inexpliquées pour l'année 2021 : 73, essentiellement aux États-Unis et en Australie. En Méditerranée jamais. Nicolas Ziani invite évidemment à se comporter normalement avec le requin, c’est-à-dire rester à distance et le signaler aux autorités ou à son Groupe phocéen d’étude.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.