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On peut communiquer en plein rêve

Des chercheurs de l’Inserm ont réussi à entrer en contact avec une personne endormie et à dialoguer avec le rêveur, une première qui va permettre d’en savoir plus sur le fonctionnement de notre cerveau.

Article rédigé par Anne-Laure Dagnet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une femme en plein sommeil. Photo d'illustration. (FR?D?RIC CIROU / MAXPPP)

On savait que les rêveurs "lucides", c’est à dire ceux qui ont conscience d’être en train de rêver, peuvent communiquer avec l’extérieur. Ce qu’a découvert cette équipe de l’Inserm, c’est que ça peut aller dans les deux sens, on peut entrer en contact avec quelqu’un qui est endormi.
Les chercheurs ont posé des questions à voix hautes à un rêveur-volontaire, par exemple : "Est-ce que tu aimes la confiture ?", ils lui ont demandé de faire la différence entre le haut et le bas, etc. Pour répondre, le sujet devait sourire pour dire oui ou froncer les sourcils pour dire non. Ça a très bien fonctionné. Quand il s’est réveillé, le rêveur a raconté qu’il était en train de faire la fête avec des amis dans son rêve et qu'il a entendu la chercheuse comme si c'était une voix divine.

Le rêve enfin accessible

Jusque-là le rêve était un domaine très difficile d’accès pour les scientifiques, on ne fait que se souvenir de ses rêves, avec cette expérience le rêveur peut dire ce qu’il est en train de voir et de sentir, les chercheurs ont donc un accès en temps réel sur le contenu de notre mental et ça ouvre des perspectives.
Delphine Oudiette de l’institut du cerveau qui a mené cette expérimentation pour l'Inserm, l'AP-HP, la Sorbonne Université et le CNRS veut mettre au point un "vocabulaire du rêveur" avec des réponses adaptées à des questions : est-ce qu’il rêve d’un animal ? Est-ce qu’il voit une maison ? Les réactions seraient alors une combinaison de contractions de muscles.

Des perspectives infinies pour la recherche

D’abord les chercheurs pourront approfondir leurs connaissances sur la conscience, définir plus précisément les zones du cerveau qui dorment et celles qui sont en éveil quand on est en train de rêver.
Ensuite, ça permettra de mener des expériences sur nos capacités pendant la phase de sommeil paradoxal. Le rêve est sans doute propice à la créativité, les chercheurs de l’Inserm imaginent un test sur des questions auxquelles le volontaire n'a pas su répondre pendant l’éveil, posées à nouveaux pendant le rêve. Et puis ces recherches intéressent au plus haut point les médecins qui ont des patients dans le coma ou en état végétatif. Ce type de communication pourrait être un moyen d'entrer en contact avec des patients qui perçoivent le monde extérieur mais qui ne sont pas capables de le faire savoir.

 

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