Moustique tigre : la dissémination d'insectes stériles permet de diminuer le risque de piqûres et de transmission des maladies, selon une étude
Le moustique tigre a désormais gagné toutes les régions métropolitaines. L'agence régionale de santé (ARS) de Normandie a confirmé mercredi 20 mars la présence de l'insecte dans cette région, jusqu'ici la seule épargnée. Une nouvelle étude, publiée lundi 4 mars dans Nature Communications vient montrer l’intérêt de la technique de l’insecte stérile pour lutter contre ce vecteur de maladie et de piqûres.
Depuis plusieurs années des études sont menées sur des lâchers de moustiques stériles, moustiques mâles, sur les populations femelles. Ce sont les seules qui piquent et qui donc sont susceptibles, à minima de rendre la vie en extérieure difficilement supportable, et dans les cas les plus graves de transmettre des maladies comme la dengue ou le chikungunya.
Le principe est simple. Que ce soit chez le moustique tigre, de son nom scientifique aedes albopictus ou chez son cousin aegypty, ces mâles stérilisés, s’ils sont en nombre suffisant, prennent la place des moustiques sauvages auprès des femelles et freinent ainsi la reproduction de leur espèce, entraînant une diminution progressive des populations et des piqûres qui vont avec.
Aujourd’hui c’est un autre effet, immédiat et non sur la descendance de ces moustiques stériles, qui a été découvert par des chercheurs chinois et français comme Jérémy Bouyer, entomologiste au Cirad et coordinateur de cette étude paru dans Nature Communications. Les moustiques stériles entraînent une diminution de la longévité des femelles et une diminution du nombre de piqûres.
Un taux de piqûre réduit de 80%
Une fois lâchés dans la nature, les moustiques mâles cherchent à s’accoupler avec leurs consœurs sauvages, principe commun de toutes les espèces à reproduction sexuée. Si ces mâles sont en surnombre - dans l’expérience ici menée le ratio était supérieur à 50 pour 1- ils s’agglomèrent autour de chaque femelle, les épuisant progressivement en les empêchant notamment de se déplacer à leur guise. Quand cela se passe à proximité d’un humain, ces mâles forment comme une barrière de protection entre ces dames insectes et la cible à sang frais, ce qui diminue d’autant les piqûres et le risque de transmission de maladie. Lors d’un essai sur le terrain en Chine cité dans l’étude, les scientifiques ont ainsi observé un taux de piqûre des femelles réduit de 80%.
D’autres techniques sont envisagées pour lutter contre les moustiques. Des lâchers de moustiques génétiquement modifiés, porteurs de mutations limitant leur descendance ou induisant une stricte masculinité de celle-ci, sont actuellement étudiés. Mais cela pose d’importants problèmes de sécurité. Il y a trois ans, l’OMS appelait d’ailleurs à une grande prudence sur l’utilisation de ces techniques.
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