L’urbanisation diminue la régulation naturelle des insectes nuisibles, selon plusieurs études
La synthèse de 52 études, publiée mardi, démontre que les insectes nuisibles se plaisent en milieu urbain, au détriment de leurs prédateurs qui sont donc moins nombreux pour assurer la régulation.
La régulation naturelle des insectes nuisibles est diminuée à cause de l'urbanisation : c'est ce que démontre la synthèse de 52 études menées à travers le monde, publiée le 7 juin 2022. En effet, malgré la pollution chimique et lumineuse, le béton et les îlots de chaleur, certains insectes adorent la ville. C'est notamment le cas de certains pucerons, moucherons ou des cochenilles. Or, ces insectes ont la particularité d'être des ravageurs des plantes, c'est-à-dire qu'ils se nourrissent des feuilles ou de la sève des arbres.
Une équipe de chercheurs hongrois, allemands et des Français de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae) se sont penchés sur ces insectes. Ils ont pu constater qu'ils ont une population plus élevée de 44% en ville par rapport à la campagne. À l'inverse, ces scientifiques ont constaté que d’autres populations d'insectes déclinent en milieu urbain. Il s'agit, par exemple, des araignées, des coléoptères ou des coccinelles. Problème : ces insectes sont normalement des prédateurs des premiers, d'où un problème de régulation naturelle des nuisibles.
Réintroduire les insectes des champs en ville
La principale conséquence est un problème de gestion et d'entretien de la végétation en ville car les plantes se retrouvent fragilisées par des ravageurs qui s'attaquent à leurs feuilles. On peut ainsi se retrouver par exemple avec des populations de pucerons qui s’adaptent très bien à la vie urbaine alors qu’en face les coccinelles - qui se nourrissent des pucerons - déclinent.
Il faudrait donc réintroduire des insectes des champs en milieu urbain pour concurrencer les insectes des villes. Pour faire revenir les coccinelles en ville, par exemple, la solution est finalement assez simple d'après cette étude. Il faudrait tout simplement entretenir des espaces verts diversifiés et reliés entre eux. Cela permettrait à tous ces insectes prédateurs qui régulent naturellement les ravageurs de se déplacer à l'intérieur de la ville sans être arrêtés par le béton ou le goudron. Laisser les feuilles d'arbres au sol à certains endroits permettrait aussi à ces insectes de s’abriter et se nourrir.
À Montréal, des corridors verts
La ville de Montréal - l'une des pionnières en matière d'écologie urbaine - a déjà décidé de laisser certains arbres morts sur place dans les grands parcs et de créer des corridors verts, c'est-à-dire des zones boisées ou humides, en pleine ville, à côté des grandes boulevards de circulation. Cela peut sembler anodin mais, dans un paysage qui change, préviennent les chercheurs, avec des villes qui vont gagner plus d’un million de kilomètres carrés dans les années à venir, ces solutions naturelles pourraient tout changer.
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