Le variant indien menace le déconfinement du Royaume-Uni
Le Royaume-Uni envisage de décaler certaines mesures de déconfinement le 21 juin prochain en fonction du variant indien. Il faut dire qu’il se propage rapidement dans la population et rappelle le scénario du variant britannique de l'hiver dernier.
Le Royaume-Uni a levé lundi 17 mai de nouvelles restrictions. Cependant le Premier ministre Boris Johnson a appelé à profiter de ces nouvelles libertés avec une grande dose de précautions
, en soulignant que la propagation du variant indien était sous étroite surveillance
.
Le nombre de cas a plus que doublé en une semaine, notamment dans certains quartiers de Londres, de Manchester et en Ecosse. En tout, 86 localités sont touchées, même s’il est encore minoritaire par rapport à d’autres souches. Ce variant appelé double mutant est en fait le produit d’une double infection. Des patients atteints par deux souches du virus créent une troisième lignée. Il comporte au moins trois variations. Il a été repéré la première fois en octobre dernier en Inde et depuis, il touche une cinquantaine de pays, notamment ses voisins comme le Népal, le Bouthan où malgré la vaccination, le nombre de cas remonte.
Selon les membres du conseil scientifique britannique, il est au moins aussi transmissible que le variant du Kent, qui a provoqué une deuxième vague catastrophique en Angleterre de cet hiver. Mais des études préliminaires indiennes montrent qu’il peut être même plus contagieux. Jusqu’à 60% de plus que le variant britannique. En revanche pour l’instant, difficile de dire s’il provoque des formes plus graves de la maladie. Là encore, une petite étude faite sur des hamsters par une équipe de l’institut de virologie de Pune en Inde montre que ceux qui étaient infectés avec ce variant avaient les poumons plus enflammés que ceux infectés avec d’autres souches.
Quelle résistance aux vaccins ?
L’agence européenne du médicament est plutôt optimiste sur l'efficacité des vaccins contre ce variant. Selon plusieurs études préliminaires, les vaccins à ARN, comme Pfizer et Moderna, semblent bien lui résister. Mais il comporte une mutation sur sa protéine de pointe similaire à celle du variant sud-africain. Cette mutation inquiète certains scientifiques par rapport au vaccin AstraZeneca majoritairement utilisé au Royaume-Uni et que l’Afrique du sud a refusé de déployer de peur qu’il ne protège pas assez sa population. In vitro, des analyses indiennes montrent que les anticorps de patients vaccinés ou déjà infectés avec des souches précédentes sont moins efficaces contre ce variant.
Mais le virologue Ravindra Gupta de l’université de Cambridge rappelle que "les humains ne sont pas des hamsters". Notre système immunitaire est beaucoup plus complexe que ce que le taux d’anticorps dans une éprouvette veut bien montrer. Il faut donc garder ce variant sous surveillance sans paniquer. Toutefois certains épidémiologistes britanniques tentent déjà de modéliser quel niveau atteindrait une troisième vague dans le pays en juillet-août à cause de ce variant.
En France pour l’instant, une vingtaine de cas ont été recensés par Santé Publique France dans huit régions, la plupart sur des personnes en provenance d’Inde.
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