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Le billet vert. Un BEA des accidents industriels pour tirer les leçons de Lubrizol

Pres de cinq mois après l'incendie de l'usine Lubrizol à Rouen, la ministre de l'Environnement présente de nouvelles mesures pour les sites
industriels. Elle veut renforcer les contrôles des sites moins à risque et créer un bureau enquête accident comme cela existe dans l'aéronautique.

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Incendie à l'usine Lubrizol à Rouen (Seine-Maritime), 26 septembre 2019. (CORALIE MOREAU / FRANCE-BLEU HAUTE-NORMANDIE / RADIO FRANCE)

La ministre de l'Environnement, Elisabeth Borne présente mardi 11 février de nouvelles mesures pour les sites industriels. Elle veut augmenter le nombre de contrôles. Elle précise même au journal Paris Normandie qu'elle souhaite qu'ils augmentent de 50% d'ici deux ans. En particulier sur les 400 000 sites industriels, moins risqués qu'un site Seveso, mais qui gravitent autour. Elle tire ainsi les leçons de ce qui s'est passé avec Normandie Logistique, l'entrepot situé juste à côté de Lubrizol qui a également brûlé et qui visiblement stockait plus de produits que prévu.

Elisabeth Borne souhaite aussi la création d'un bureau enquête accident indépendant comme cela existe pour l'aéronautique et les accidents d'avion. La question est de savoir si elle peut augmenter le nombre d'inspecteurs des sites industriels, ils sont 1 400 en France et font 18 000 inspections par an. Pour certains de leur représentants, ces contrôles inopinés d'entrepots logistiques, de ferrailleurs ou de stockage de déchets sont font déjà mais ce n'est pas toujours la priorité. "La priorité est de contrôler les sites plus dangereux", expliquent-ils.

Pas de risque zéro

Faut-il prendre de nouvelles précautions ou bien appliquer ce qui existe déjà ? Difficile à dire tant que l'on ne sait pas la cause exacte de l'incendie : accident industriel ou acte de malveillance ? Pourtant, les enquêtes sur la façon dont le feu s'est propagé mettent déjà sur la table des évolutions possibles : comme par exemple l'usage de mousse plutôt que d'eau pour le système anti-incendie au sein de l'usine. Les caissons en plastique dans lesquels les lubrifiants étaient stockés sont aussi dans le viseur des spécialistes puisqu'en fondant, ils ont aggravé l'incendie. Les remplacer par des bidons métalliques en les mettant à bonne distance du mur d'enceinte est l'une des solutions envisagées, mais au cas par cas. L'industrie chimique rappelle de son côté que toute façon, le risque zéro n'existe pas.

Cette salve d'annonces veut éviter un nouveau Lubrizol et éviter aussi que les usines chimiques ne deviennent persona non grata en France. Comme dans le Rhône, à Jonage, où le site Chimimeca se voit aujourd'hui contesté par la mairie qui lui avait pourtant accordé un permis de construire, il y a deux ans. Ce site chimique qui fabrique des décapants doit stocker plus de trois millions de tonnes d'acide fluorihydrique avec un haut risque de nuage toxique en cas de problème. Personne n'a vraiment envie de vivre avec un tel risque près de chez lui.

Avant Lubrizol, les autorités, y compris la mairie, étaient plutôt favorables aux emplois que ce site allait créer mais l'incendie à Rouen a changé la donne et aujourd'hui plus de 700 riverains s'y opposent alors que la commune ne compte que 6 000 habitants.

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