Cet article date de plus de quatre ans.

Le billet vert. Pour comprendre le débat sur les SDHI

Les SDHI sont de plus en plus utilisés en France notamment sur le blé. D'après des experts, Ils peuvent dans leur fonctionnement s’attaquer aux cellules humaines en les empêchant de respirer.

Article rédigé par franceinfo, Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Manifestation contre la présence de Succinate Dehydrogenase Inhibitor (SDHI) dans certains pesticides à Langouet (Îlle-et-Vilaine), le 14 octobre 2019. (DAMIEN MEYER / AFP)

C’est une nouvelle controverse entre scientifiques que vont essayer de comprendre les parlementaires français. Jeudi 23 janvier, ils auditionnent des chercheurs et le directeur de l’Anses sur les SDHI, des pesticides utilisés pour lutter contre les champignons.

Depuis deux ans, un groupe de chercheurs alertent l’Anses, l’agence d’évaluation sanitaire sur ces SDHI : des inhibiteurs de succinate déshydrogénase. Ces fongicides sont de plus en plus utilisés en France notamment sur le blé. Ils évitent que des moisissures ou des champignons n’attaquent les récoltes. Mais les chercheurs estiment qu’ils ne font pas que s’attaquer aux champignons : ils impactent aussi les abeilles, les vers de terre et peuvent dans leur fonctionnement s’attaquer aux cellules humaines en les empêchant de respirer. D'autant plus chez des personnes atteintes de maladies rares ou neurodégénératives. D’ici 10 à 20 ans ils pensent qu’ils pourraient être la cause d’une crise sanitaire majeure chez les agriculteurs. Dans une tribune publiée cette semaine dans Le Monde, 450 chercheurs demandent l’interdiction de ces produits. Tout comme trois associations environnementales qui préparent un recours en justice.

Pas d'alerte pour l'Anses

L’agence d’évaluation sanitaire, l'Anses, ne voit pas de risque majeur. Ces produits existent depuis les années 60. Ils n’ont pas donné lieu à des alertes sanitaires. Leur dossier d’autorisation respecte les seuils demandés. Mais elle a tout de même mis en place une cellule de travail pour étudier les nouvelles données sur ces substances qui connaissent depuis cinq ans un regain d’intérêt pour les industriels avec de nouvelles formulations. Pour l’instant, il n'est pas question de revoir les autorisations de mise sur le marché de ces produits. L’union des industries phytosanitaires estiment de son côté que ce serait une application excessive du principe de précaution. Mais là, il s'agit de la forme cordiale de leur opposition. Dans les faits, les opposants s’invectivent, se traitent de "vendus à l’industrie" ou de "paranoïaques".

Un débat houleux et technique

Pour éviter les invectives, l’Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques organise ces auditions successivement à la demande de députés et de la commission du développement durable de l’Assemblée pour comprendre le débat. Il a également demandé l’aide de Francelyne Marano, professeur émérite de biologie cellulaire, toxicologue à l'Université Paris Diderot, en guise de grand témoin neutre sur le sujet. Ce débat montre aussi une nouvelle opposition entre la science académique, celles des chercheurs, et la science réglementaire, celle de l’Anses : comme pour le glyphosate, le bisphénol A, le dioxyde de titane. Des débats qui conduisent parfois à faire évoluer les tests sur l’autorisation de ces produits et parfois à les interdire.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.