Le billet vert. Les sports d'hiver et le réchauffement climatique
Le réchauffement climatique va-t-il condamner en partie la pratique du ski sur neige ? Des solutions existent mais elles coûtent parfois trop cher en terme d'énergie justement. L'enneigement de nos montagnes a beaucoup diminué mais les investissements ne ralentissent pas.
Il y a en ce moment beaucoup de monde sur les pistes de sports d’hiver, malgré la grève des transports. Mais compte tenu du réchauffement climatique la neige, à terme, risque de manquer, c’est pourtant un enjeu économique.
Des sports d'hiver sans neige ?
Avec 10 millions de touristes par an dans nos stations, et 53 millions de forfaits journaliers, la France est numéro 3, juste derrière les États-Unis et l’Autriche. Cela génère deux milliards d’euros de chiffre d’affaire et 120 000 emplois. Mais compte tenu de la neige de plus en plus rare, y a-t-il un danger pour cette économie de montagne, c'est ce qu'on pourrait craindre...Le GIEC prévoit un réchauffement climatique au-delà de 2,5 degrés en 2100, ce qui veut dire qu’il faudra faire du ski dans la cordillère des Andes ou dans l’HImalaya.
Il y aura encore des périodes d’enneigement, et c’est le cas en ce moment, mais attention aux avalanches, elles aussi provoquées par le réchauffement. Un institut suisse a publié récemment une étude selon laquelle “les stations situées autour de 1500 mètres perdront dans quelques années 100 jours de neige par an, particulièrement en début et fin de saison".
Est-ce à dire que les sports d’hiver ne seront plus qu’un lointain souvenir ? Non, car ils s’adaptent. Depuis une centaine d’années, les Pyrénées ont perdu 85% de la surface de leurs glaciers. La région a donc investi dans la diversité, le tourisme vert et la découverte de la nature, comme les balades à pied ou en rennes, les randonnées en vélo électrique, le parapente, etc.. le choix est large !
Le ski sur neige toujours attractif
Mais en attendant la pratique du ski sur neige est l’attractivité principale, et bizarrement, les conditions climatiques ne semblent pas ralentir les investissements par centaines de millions dans des mégas complexes hôteliers très énergivores, avec les conséquences sur les transports, l’artificialisation des terres, le traitement des déchets, les chauffages des bâtiments, et même, des piscines chauffées en extérieur, la tendance est dans la démesure, le summum est, comme à Dubaï, une piste dans un dôme climatisé.
De plus en plus de stations s’équipent de canons à neige, mais pour un hectare à enneiger, il faut pulvériser 4 000m3 d’eau, l’équivalent d’une piscine olympique. Pour l’ensemble des pistes les plus menacées, c’est 28 milliards de litres d’eau, c’est la consommation en eau potable de 540 000 habitants par an. Et là se posera la question des priorités : l’alimentation domestique, l’hydroélectricité, les cours d’eau qui, s’ils sont trop bas, menacent la biodiversité. Autant de questions qui devront trouver des réponses.
Et se pose aussi la question de l’entraînement de nos champions. De plus en plus de nos athlètes vont s’entraîner en Patagonie ou ailleurs, mais l’avion, c’est aussi du carbone, qui participe au réchauffement climatique. Mais je reste optimiste pour trouver des solutions à ces spirales infernales...
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