Cet article date de plus de quatre ans.

Le billet vert. La France échoue une nouvelle fois à réduire ses pesticides

Les chiffres de l'usage de phytosanitaires sont en hausse de plus de 20% ces douze derniers mois en France. 

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Du pesticide répandu par pulvérisation. Photo d'illustration. (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

C'est une hausse inédite depuis que l'on suit notre consommation de pesticides : entre 2017 et 2018, leurs ventes ont augmenté de 21% pour les quantités de substances actives. Certains vont peut-être tordre ces chiffres dans tous les sens pour dire que les volumes ont baissé de 40% en 20 ans. Mais, aujourd'hui, les produits sont plus concentrés.

Un indicateur devait mettre tout le monde d'accord, le "nodu", nombre de doses utilités, c'est à dire pas seulement la quantité mais le nombre de traitements. Lui augmente de 25% en un an. Il ne s'agit pas d'agribashing bête et méchant mais de la réalité froide et factuelle de chiffres qui montrent que l’on n'est pas du tout sur la bonne trajectoire. Pour l’Union des fabricants de produits phytosanitaires (UIPP) l'explication réside dans le fait que les agriculteurs ont acheté plus de produits en 2018 pour éviter les hausses de taxes de l’année suivante. Ce ne serait que conjoncturel mais c’est quand même l’échec d’une politique menée depuis plus de 10 ans en France.

Multiples échecs des plans éco-phyto

Nous n’arrivons toujours pas à réduire notre consommation de pesticides. Pourtant l'objectif n'est pas nouveau. Mardi le ministère de l'Agriculture a officialisé les chiffres des usages de phytosanitaires dans nos champs et ils sont en hausse de plus de 20% en à peine un an. Réduire nos pesticides ne date pas d’hier mais du Grenelle de l’environnement en 2007. À l’époque, la France est le premier consommateur européen et le troisième mondial. Nous nous étions donc fixé l’objectif de réduire de 50% nos pesticides entre 2008 et 2018. Aujourd’hui, nous en sommes à plus 25% sur cette décennie. Pourtant, les gouvernements successifs ont gardé, et ont même relancé cet objectif. Il y a eu des investissements, des formateurs dans les chambres d’agriculture. Il y a même aujourd'hui 3 000 agriculteurs engagés dans un réseau pour réduire leurs usages et servir d'exemples aux autres. Mais malgré tout ça, l’objectif global n’est pas atteint pour la troisième fois consécutive.
 

Une nouvelle politique agricole commune

Les associations environnementales sont atterrées par ces chiffres, elles estiment qu’aujourd’hui les plans et la bonne volonté des agriculteurs ne suffisent plus. Pour elles, il faut réorienter les aides de la politique agricole commune, parce que ce n'est pas mieux chez nos voisins espagnols ou néerlandais, et il faut créer des systèmes de bonus-malus pour les agriculteurs vertueux.

Le gouvernement, lui, met en avant qu'il faut voir aussi une baisse des produits les plus dangereux pour la santé, une forte réduction dans les espaces verts des villes, l’augmentation du nombre d’agriculteurs bio ou haute valeur environnemental... et il promet aussi plus de transparence sur les chiffres. Il faut dire que ceux de 2018 diffusés mardi 7 janvier étaient attendus depuis des mois. Le ministère de l’Agriculture avait eu un problème de panne informatique la dernière fois qu’il devait les présenter. Il promet de donner les prochains avant juin 2020 avec des indications précises par région. La transparence c'est bien mais atteindre l'objectif, ce serait mieux.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.