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Le billet vert. Cinq grandes villes interdisent l'utilisation des pesticides sur leurs territoires

Grenoble, Lille, Nantes, Clermont-Ferrand et Paris ont annoncé cette semaine l’interdiction totale des pesticides sur leurs territoires dans l'espoir de "faire changer la loi" sur les distances minimales entre les zones habitées et les zones d'épandage.

Article rédigé par franceinfo, Gérard Feldzer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le gouvernement veut fixer une distance minimale de cinq à dix mètres entre les zones traitées aux pesticides et les habitations. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Paris, Lille, Nantes, Grenoble et Clermont Ferrand l'ont annoncé cette semaine : plus de pesticides sur leurs territoires. Ces villes souhaitent interdire totalement leur utilisation. Une annonce qui fait suite à l’arrêté du maire contestataire de Langouet, suivi par 50 autres communes qui souhaitent limiter leur utilisation. Des communes ayant pris des arrêtés antipesticides contre lesquels les préfets ont déposé des recours.

"Un coup de com" ?

"Un coup de com" a réagi Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, à l’annonce de ces grandes villes. Car les pesticides chimiques sont déjà interdits en ville depuis 2017.

Pas du tout répondent les maires, car "Il y a des trous dans la raquette ; on va donc y ajouter des espaces non concernés pour l’instant". Et puis ajoutent ces maires, c’est surtout un signal sur l’urgence environnementale. Le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume annonce un décret fixant à partir de janvier 2020 une distance de traitement minimale de 5 à 10 mètres des habitations.

"C’est juste une blague ou des fake news", répondent les écologistes et associations de riverains. "C’’est du niveau de l’annonce des autorités qui affirmaient en 1986 que le nuage radio actif issu de la catastrophe de Tchernobyl en Ukraine s’arrêterait à la frontière !"  

Le gouvernement va lancer une consultation nationale et citoyenne sur ce sujet

Légiférer au niveau national, c’est ce que souhaite la FNSEA, la puissante fédération agricole. Sa présidente, Christiane Lambert, a présenté des photos prouvant qu’on peut avoir une précision de quelques centimètres. C’est en partie vrai mais tous les agriculteurs ne sont pas équipés de robots ou de buses pilotées par des ordinateurs.  

Il est vrai qu’aux dires des agriculteurs, une zone tampon de 150 m les priverait de grandes surfaces cultivables.C’est pourquoi des associations comme Robin des Bois pour la protection de l’Homme et de l’environnement, recommandent une loi cadre, mais qui laisserait la liberté notamment aux maires, de décider localement avec les populations et les agriculteurs, de la distance minimale en fonction d’éléments comme les vents réellement mesurés, l’humidité, les pentes des terrains, les matériels utilisés, et surtout la proximité de cultures bio qui risqueraient de perdre leur label.

Et puis si on compensait la perte suite à l’abandon de cultures intensives grâce ou à cause des pesticides, cela réglerait une partie des problèmes, mais pour ça, rendez-vous à Bruxelles !  

60% des pesticides seraient des perturbateurs endocriniens

On parle beaucoup en ce moment des perturbateurs endocriniens, qu’on trouve partout, y compris dans les pesticides. Une étude récente évalue que 60% des pesticides sont des perturbateurs endocriniens. L’étude montre que six de ces perturbateurs sont retrouvés dans l’organisme de tous les Français, cela constitue un joli cocktail ! Nous aurons l’occasion d'évoquer cette question dans un autre billet vert.

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