Le billet vert. Ces communes où l'on trouve un compromis sur les pesticides
La justice a annulé mardi l’arrêté anti-pesticide pris dans la commune de Langouët (Ile-et-Vilaine). Il y a pourtant des endroits où l'on arrive à concilier la santé des habitants et le travail des agriculteurs.
Protéger la santé des habitants ou laisser les agriculteurs travailler ? La question se pose dans de nombreux villages et pour leur maire pas facile de savoir quoi faire comme pour celui de Langouët (Ile-et-Vilaine) dont la justice a suspendu l’arrêté anti-pesticides, mardi 27 août.
Mais il y a parfois des endroits où ça se passe bien. Comme en Corrèze, à Allassac, petite ville de 4 000 habitants avec ses toits en ardoise, son pont médiéval sur la Vézère et ses pommiers. La pomme, c’est 30 à 40 traitements par an contre les maladies, les ravageurs. Les relations entre certains habitants et leurs voisins agriculteurs étaient loin d’être faciles. Entre l’inquiétude des uns sur les effets sanitaires des pesticides et la nécessité de production des autres, c’était un dialogue de sourds. Mais depuis deux ans, les choses se sont apaisées avec la création d’une charte de bonnes pratiques négociées entre riverains et professionnels.
Une charte qui a fait des petits
Les pomiculteurs se sont engagés à ne pas épandre de pesticides à moins de 50 mètres de l’entrée des propriétés, ni le dimanche, ni les jours fériés. Ils doivent en tous cas informer leurs voisins quand ils sont dans leurs parcelles et mettre des protections de hauts filets ou, mieux, des haies végétales. En deux ans, ils en ont installés 30 kilomètres. Mais surtout, cette charte a fait des petits dans tout le département. La quasi-totalité des professionnels l’ont signée et les pratiques bio sont passées de 0 à 20%. La charte a même été reprise dans un article de la loi agriculture et alimentation et pourra s'étendre à partir du 1er janvier prochain à toute la France. À condition que les préfets et les élus jouent les intermédiaires.
Une relation de confiance
Pacifier les relations est important, surtout dans de petites communes où tout le monde se connait. A Allassac, c'est ce qu'ont choisi de faire Fabrice Micouraud, coté riverains, et Laurent Rougerie, coté producteurs. Il faut bien imaginer qu’il y a huit ans la situation était explosive : insultes, menaces de mort, attaque en justice. Pour Fabrice Micouraud c’était dur. Il se sentait un peu comme un pestiféré, celui par qui le scandale arrive. Mais il ne veut pas renoncer et quitter sa belle Corréze. Pour les pomiculteurs, c’est la crise, avec des ventes qui chutent, une mauvaise publicité et un sentiment de culpabilité.
Grâce à la médiation du préfet et d’autres associations agricoles, ils ont trouvé ce compromis. Les riverains aimeraient que ça aille plus loin, les pomiculteurs estiment qu’ils font déjà le maximum. Aujourd’hui ces deux hommes se respectent et veillent à garder ce fragile équilibre.
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