La PMA peut-elle sauver les rhinocéros?
Alors que le dernier mâle de rhinocéros blanc du Nord est mort en mars dernier, des chercheurs ont réussi à prélever des ovocytes sur deux femelles d'une réserve kenyane. Ils espèrent ainsi ne pas voir l'espèce disparaître complètement.
Vous avez peut-être été ému par la mort de Sudan, le dernier spécimen de rhinocéros blanc mâle du Nord, une des cinq sous-espèces de l'animal. À 45 ans, il a été euthanasié cette année en raison de problèmes de santé alors qu'il vivait dans une réserve au nord de Nairobi, au Kenya. Mais cet été, ses soigneurs et des zoologistes allemands ont réussi un tour de force en prélevant des ovules sur deux femelles du parc, Najinn et Fatu. Quand on sait que ces animaux font un peu plus de deux tonnes, qu'il faut bien sûr les endormir mais aussi faire vite pour les opérer; le succès n'était pas garanti. En plus la semaine dernière, ces ovocytes ont été fécondés avec du sperme congelé il y a quelques années, notamment de Sudan. Il y a donc aujourd'hui sept oeufs viables qui seront inséminés sur plusieurs femelles le mois prochain. Notre cher disparu, Sudan, aura donc peut être une descendance.
Elargir la diversité génétique
Cette opération sauvera peut-être des spécimens mais pas vraiment l'espèce. L'insémination artificielle n'est pas nouvelle pour faire se reproduire les animaux en danger. Le problème c'est quand ils deviennent trop peu nombreux dans l'environnement, il n'y a plus assez de brassage génétique. S'ils ne se reproduisent qu'au sein d'une même famille, au bout d'un moment ils transforment l'espèce. On dit même qu'ils deviennent des morphes. Mais là encore, les chercheurs espèrent créer des gamètes artificielles à partir de cellules souches sur les tissus des rhinocéros qu'ils ont en stock et ainsi élargir la base génétique des animaux. Mais ces recherches sont coûteuses et elles suffiront pas totalement à sauver les rhinocéros blanc du Nord, d'autant qu'elles n'aboutiront pas avant 50 ans.
Protéger leur habitat, lutter contre le braconnage
Ne pas détruire leur habitat, ne pas les braconner et aussi interdire totalement le commerce de la corne de rhinocéros sont plus que nécessaires. Hier justement la conférence internationale sur le commerce des espèces sauvages, la CITES, s'est conclue à Génève. Les délégués de 180 pays dont la France y négocient des interdictions ou des contrôles renforcés pour la vente de 35 000 types de plantes ou d'animaux comme les rhinocéros. Cette convention a ses limites mais pour beaucoup elle a aussi ses succès. Par exemple, l'interdiction du commerce des os de tigre dans les années 90 a participé à préserver les félins. Au Népal, la population des tigres a doublé en dix ans.
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