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La France est aussi concernée par la sixième extinction : 2 430 espèces sauvages sont en danger

Le comité français de l'UICN publie mercredi à l'occasion de la journée de la vie sauvage, le bilan de 13 ans d'expertise sur les espèces menacées en France: métropole et outre mer. En tout 17,6% des 14 000 plantes, animaux, insectes évalués sont en danger.

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le papillon azuré est en voie de disparition. (CHRISTIAN WATIER / MAXPPP)

En France, 2 430 espèces sauvages sont en danger. C’est ce que nous apprend la liste rouge française des espèces menacées publiée mercredi 3 mars par le comité français de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN),  à l'occasion de la journée de la vie sauvage.

"Les Français savent bien que les gorilles, les pandas ou encore les éléphants sont menacés d’extinction mais peuvent-ils citer une espèce de notre territoire qui l’est ?", se demande Florian Kirchner de l'UICN France. Il y a une liste rouge mondiale mais aussi nationale et même régionale avec par exemple le lynx du Jura, les papillons azurés ou encore l’escargot de Corse. La France est aussi concernée par cette disparition très accélérée des espèces sauvages : celle que l’on appelle la sixième extinction. Des oiseaux communs, censés être présents partout sur notre territoire font leur entrée dans la liste rouge dans la catégorie vulnérable, comme le chardonneret élégant.

Cette liste est établie par plus de 500 experts du Muséum d’histoire naturel, du CNRS, du comité français de l'UICN avec une trentaine d’organisations partenaires, comme la Ligue de protection des oiseaux. Ils l’évaluent en comptant des populations sauvages régulièrement depuis 13 ans. Aujourd’hui il y a près de 14 000 espèces d’animaux, d’insectes, de plantes suivies et 17,6%. Et quand il y a eu des réévaluations d'espèces comme pour les mammifères marins et terrestres en métropole, la situation s'aggrave.

C’est peut être plus facile de mobiliser pour les lions mais le constat est le même pour l’apron du Rhône, ou zingel asper : un petit poisson très sensible à la pollution chimique et qui ne vit que sur quelques boucles du fleuve et de ses affluents. Il a perdu 90% de son aire de répartition en un siècle. Une fois qu’on ne le verra plus dans cette zone, il aura disparu de la surface de la Terre.

Une base scientifique mais pas réglementaire

Cette liste rouge n’est pas réglementaire mais elle sert de base scientifique ensuite pour élaborer des plans de protection et la France n’est pas la plus mauvaise en la matière. Elle met des moyens et ça marche, pour la réintroduction des bouquetins des Pyrénées, de la loutre, des anguilles. Depuis que l’on ne rejette plus nos eaux sales directement dans les fleuves, la qualité de l’eau de la Seine s’est améliorée et on voit aujourd’hui remonter des saumons qui traversent Paris.

C’est plus compliqué avec les ours et les loups pour les éleveurs. Mais réintroduire un grand prédateur, ça veut dire préserver de grands espaces y compris forestiers, pour capter plus de carbone, pour préserver notre climat, pour faire revenir d’autres espèces, recréer un équilibre naturel. Le lynx peut chasser les cerfs ou les chevreuils qui piétinent les champs des agriculteurs. Pourtant, il y a eu trois lynx de braconnés l’an dernier dans l’est de la France malgré le confinement. Cette liste nous rappelle qu’il y a encore du travail pour limiter la destruction de la nature.  

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