Inondations en Isère : comment expliquer la violence du phénomène qui a dévasté le hameau de la Bérarde ?

La vigilance orange a été levée samedi soir en Savoie et en Isère, où des crues torrentielles se sont abattues sur les massifs de l'Oisans et des Écrins. Aucune victime n'est à déplorer mais une centaine d'habitants de la commune de Saint-Christophe-en-Oisans a dû être évacuée par hélicoptère.
Article rédigé par Anne Le Gall
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un torrent a emporté un pont au hameau de la Bérarde, sur la commune de Saint-Christophe-en-Oisans, lors des intempéries qui ont frappé l'Isère, le 20 juin 2024. (ST?PHANE PILLAUD / MAXPPP)

Trois jours après les inondations qui ont touché le hameau de la Bérarde en Isère, le jeudi 20 juin, les dégâts sont impressionnants. Les pluies abondantes et le débordement d’un torrent, le Vénéon, ont même conduit les autorités à évacuer par hélicoptère une centaine d'habitants de la commune de Saint-Christophe-en-Oisans

La violence de ces inondations a surpris. Aucune victime n'est à déplorer, mais les images des routes coupées et des maisons éventrées par des amas de pierre sont spectaculaires. Au total 200 000 mètres cubes d’eau, l’équivalent de 80 piscines olympiques, ont dévalé dans la vallée en quelques heures, charriant au passage, une cascade de sédiments et des blocs de pierres. Pour Ludovic Ravanel, géomorphologue et directeur de recherche au CNRS, de telles quantités d'eau proviennent de la combinaison entre des pluies intenses et la fonte des neiges. Nous sommes fin juin, mais le manteau neigeux est encore très important en altitude, explique-t-il, et la fonte est rapide sous l'effet de la pluie.

L’adaptation au risque de précipitations extrêmes

Avec le réchauffement climatique, on le sait, les parois rocheuses sont fragilisées en haute montagne, notamment l’été, car le permafrost, qui restait auparavant gelé toute l’année se dégrade et ne joue plus autant son rôle de ciment. L’étude de photos du massif du mont Blanc sur plus d’un siècle, montre que ces effondrements se multiplient depuis 30 ans. Dans le cas présent, les volumes sédimentaires, qui ont été charriés proviennent vraisemblablement d'altitudes inférieures à celles affectées par la dégradation du permafrost, selon Ludovic Ravanel. Difficile à ce stade de faire un lien direct avec le dérèglement climatique. Néanmoins, pour l’avenir, du fait des changements climatiques, la question de l’adaptation de la montagne au risque accru de précipitations extrêmes se pose.

Comment est-il possible de protéger les villages du risque de débordement des torrents ? Dans les zones exposées à un risque important de cascades sédimentaires, avec ces coulées de sédiments et de pierres, qui peuvent déborder dans la partie avale des torrents de montagne, il existe déjà normalement des ouvrages de protection, comme des barrages ou des digues. Il est donc important de vérifier leur état, mais aussi dans un contexte de changement climatique, de développer la recherche pour améliorer à la fois de nouveaux systèmes d’alerte en cas de crues importantes, d'adapter éventuellement la carte des zones à risque et de mieux modéliser les écoulements des torrents de montagne dans le futur.

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