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Des chercheurs américains ont réussi à relancer le cœur d’un cochon une heure après sa mort

Ressusciter les organes ! C’est la prouesse que viennent de réaliser des chercheurs américains en réveillant les cellules une heure après la mort. Ces expériences, menées sur des cochons, suscitent beaucoup d’espoir pour l’homme et quelques questions éthiques aussi.

Article rédigé par franceinfo - Bérengère Bonte
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un stéthoscope sur un résultat d'électrocardiogramme. (LAURENT HAMELS / MAXPPP)

L’enjeu n’est pas de ressusciter les gens mais d’améliorer la qualité des organes, pour les greffes et donc la qualité de survie ensuite. La prouesse, c’est d’avoir réussi, une heure après la mort des cochons, à relancer la circulation sanguine et redonner vie aux cellules. Concrètement les chercheurs de l’université de Yale ont provoqué une crise cardiaque chez des animaux (évidemment anesthésiés), le sang ne circulait plus, les cellules, sans oxygène, sont mortes. Au préalable, ils avaient prélevé le sang de l'animal qu’ils ont réoxygéné comme on le fait déjà parfois chez l’homme. Sauf qu'en plus, et c'est la nouveauté de système baptisé "OrganEx", ils ont ajouté un cocktail de 13 médicaments (hémoglobine de synthèse, anticoagulants et autres). Lorsqu’ils ont perfusé l’animal, le sang a recommencé à circuler, réveillant de nombreuses cellules y compris des organes vitaux comme le cœur, le foie et les reins.

Cela a "tenu" six heures, mais ce qui est stupéfiant c’est que d’après le co-auteur David Andrijevic de cette étude publiée dans Nature : au microscope, ils ont du mal désormais à différencier l'organe normal de celui traité post-mortem. En clair, ils ont annulé et même inversé le processus cellulaire.

Des questions existentielles sur la vie et la mort

Il y a beaucoup d'espoir chez les réanimateurs et les spécialistes des greffes et beaucoup de questions. "Ça confirme qu’on peut améliorer la qualité des greffons pour sauver des vies" explique le Professeur Djillali Annane, le chef réanimateur de l'hôpital de Garches. Il rappelle qu’une équipe de Pasteur à Paris avait avancé il y a quelques années sur le réveil d’un muscle. Mais ici, le cœur les poumons, c'est ce dont on manque le plus pour les greffes puisque par définition, il n’y a jamais de donneur vivant contrairement au foie ou au rein.

Cela pose évidemment des questions éthiques de deux ordres. Celle, récurrente de l'utilisation de l'animal dans ces expériences car les cochons ont eu un mouvement du cou inexpliqué quand on leur a injecté le cocktail. Et puis des questions existentielles sur la vie et la mort. Dans un commentaire publié en parallèle par la revue Nature, un grand bioéthicien new-yorkais, Brendan Parent, pointe le risque "que les personnes réanimées soient ensuite incapables de sortir d'un état d'assistance vitale.

"La mort est désormais un processus biologique traitable et réversible des heures après."

Sam Parnia, bioéthicien britannique

Le professeur Annane (de Garches) estime que la communauté scientifique est partagée à 50/50. Lui veut qu'on poursuive ces travaux, à charge pour la société, dit-il, "de se demander : jusqu’où elle veut qu'on aille dans cette résurrection des tissus." Il rappelle qu'à la suite du clonage de la brebis Dolly tant décrié, très vite le monde entier avait acté qu’on n'irait pas pour autant cloner l'être humain.

    

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