Colère des agriculteurs : quel est l'impact des jachères ?

La Commission européenne ouvre la porte à une nouvelle dérogation sur les jachères. Ces terres que les agriculteurs s'engagent à ne pas cultiver pour renforcer notamment la présence de micro-organismes dans le sol.
Article rédigé par Anne Le Gall
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Pour bénéficier des aides européennes, les agriculteurs ont l’obligation de garder 4% de leurs terres agricoles en jachère ou en surfaces non productives (photo d'illustration). (CHRISTIAN WATIER / MAXPPP)

Les agriculteurs espèrent un assouplissement sur les obligations de jachère. La Commission européenne a annoncé mardi 30 janvier qu'elle envisageait une nouvelle dérogation sur ces règles qui obligent les agriculteurs à garder une partie de leur terre à l'état naturel. Pour bénéficier des aides européennes, les agriculteurs ont l’obligation de garder 4% de leurs terres agricoles en jachère ou en surfaces non productives, le but étant de créer des refuges pour la biodiversité, et de permettre de reconstituer la fertilité des sols.

Après le déclenchement de la guerre en Ukraine, la Comission européenne avait suspendu l’application de cette règle pour pouvoir produire davantage et compenser notamment les perturbations de l’offre céréalière liées au conflit. Mais, cette dérogation s’est achevée fin 2023. Les agriculteurs d’une dizaine d'États européens, dont la France, réclament sa prolongation pour 2024. C’est aussi une revendication de la FNSEA et de la Coordination rurale. Gabriel Attal l'a souligné mardi dans sa déclaration de politique générale : Bruxelles semble prête à lâcher du lest.  

Des résultats quantifiés

La jachère est depuis longtemps utilisée pour régénérer les sols. En 2017, des travaux de l'institut national de recherche agronomique (INRA) ont montré qu’effectivement la mise en jachère des terres sur une longue durée permet de renforcer la présence de micro-organismes dans le sol, d'augmenter le captage du carbone, et de protéger la présence d’insectes et d’oiseaux dans les zones concernées. Tout cela va dans le sens d'une agriculture plus durable. La difficulté, c’est de ne pas trop empiéter sur les capacités de production.


Ce chiffre de 4% de terres laissées en jachère ne sort pas d'une étude concluant que c’est un idéal scientifique. C’est le fruit d’une négociation pour faire cohabiter services écologiques et production agricole. Un premier pas, qui est susceptible d’évoluer. Ces 4% de surfaces non productives ne sont pas forcément gagnées sur les zones de cultures. Les mares, les fossés, les bosquets, les haies qui ne sont pas cultivables, comptent aussi dans ce 4% de “jachère”. Dans certaines parcelles, selon les régions, il en existe beaucoup. L'impact de cette obligation sur la production est donc très variable selon les exploitations.

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