Audition : les dégâts du son compressé mis en évidence par une étude réalisée sur des cochons d'Inde
90 cochons d'Inde ont écouté de la musique compressée ou non. Bilan : ceux qui ont écouté de la musique compressée ont subi une fatigue auditive.
Un ”son compressé" est un son numérique qui a été "tassé" électroniquement pour faire remonter les niveaux sonores les plus faibles, afin que ce soit plus audible.
Le son de franceinfo est légèrement compressé. Tout comme la grande majorité des musiques et des sons que l’on écoute sur internet, en DVD ou en visioconférence quand on télétravaille.
Ce format s’est généralisé car le son compressé a l’avantage de se placer au-dessus des bruits d’ambiance, ce qui permet d'avoir un plus grand confort d'écoute. Mais visiblement la compression du son n’a pas que des avantages. L'inconvénient, c'est que les oreilles reçoivent une énergie sonore plus forte et avec moins de nuances qu'avec un son classique, explique Christian Hugonnet, ingénieur acousticien et président de la Semaine du son qui se tiendra la semaine prochaine.
Des chercheurs de l'Inserm et de la faculté de médecine de Clermont-Ferrand ont donc voulu savoir si ces sons compressés représentaient un danger pour les oreilles. Pour cela, ils ont donc fait écouter de la musique pendant plusieurs heures à 90 cochons d’Inde, car ils ont un système auditif proche du nôtre. Certains cobayes avaient droit à de la musique compressée et d’autres à de la musique en format original. Ils ont écouté de la pop, du classique ou encore de l'électro, il y en avait pour tous les goûts.
le système auditif n’a plus de répit
Ces cobayes ont ensuite eu droit à un examen ORL. Bonne nouvelle : aucun n'avait perdu en audition. Mais les cochons d’Inde ayant écouté de la musique compressée ont subi une fatigue auditive pendant plus de 48 heures. Les muscles protecteurs situés à l’intérieur de leurs oreilles étaient fragilisés.
Le son compressé ne contient plus aucun silence, explique le Pr Paul Avan qui a dirigé les recherches. Il n'y a même plus les quelques millisecondes de blanc, qu’on peut trouver dans un son non compressé, ou modérément compressé, donc le système auditif n’a plus de répit, il est comme asphyxié. Certains médecins font un rapprochement entre l'augmentation de certains troubles auditifs chez les jeunes et l’écoute de ces sons, mais si cette fatigue auditive est démontrée chez l'animal, elle reste encore à prouver chez l'homme.
Quelles sont les solutions de prévention, puisque les sons compressés sont déjà partout ? Un comité scientifique est sur le point d'être créé pour voir s’il est possible, à l'avenir, de labelliser des sons moins compressés et garantis "sans danger" : ils contiendraient les quelques millisecondes de silence nécessaires pour laisser les oreilles "respirer".
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