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Un astéroïde découvert avant l’impact

C’est seulement la cinquième fois que l’on dĂ©tecte un impacteur avant qu’il ne frappe notre planète. Au dĂ©but, les astronomes ont Ă©valuĂ© la probabilitĂ© de collision Ă  1%, mais Ă  mesure qu’il poursuivait sa trajectoire, elle est passĂ©e Ă  100%, et il s’est finalement vaporisĂ© dans l’atmosphère. 

Article rédigé par franceinfo - Mathilde Fontez
Radio France
Publié
Temps de lecture : 5min
Une vue d’artiste de la sonde Dart s’approchant de l'astéroïde Dimorphos. (AFP PHOTO / NASA / Johns Hopkins APL / Steve Gribben)

Il y a dix jours s’est produit un événement céleste que l’on découvre aujourd’hui : des astronomes ont tout à coup détecté un astéroïde tout petit – 1 mètre de diamètre – avant qu'il ne se dirige vers la Terre et ne se désintègre dans l'atmosphère.

Un événement qui montre que le réseau de détection pour prévenir ce risque commence à fonctionner. Les précisions de Mathilde Fontez, rédactrice en chef du magazine scientifique Epsiloon.

franceinfo : Ces astronomes ont pu s ils ont suivre cet astéroïde jusqu’à ce qu’il frappe la Terre – ou plutôt jusqu’à ce qu’il se désagrège dans l’atmosphère ? 

Mathilde Fontez : Oui, le début de cette histoire ressemble à la scène d’ouverture du film Don’t Look Up. La semaine dernière, le 11 mars, un astronome hongrois a vu un point qui bougeait plus vite que les autres, dans la portion de ciel qu’il était en train d’observer avec son télescope. Il a tout de suite identifié un astéroïde. Et il l’a même nommé SAR 25-93 – cet astronome s’appelle Krisztián Sárneczk.

Ce 11 mars, il était 19h24, heure internationale. Et à ce moment-là, la probabilité de collision avec la Terre était faible : 1%. Mais l’astronome a tout de suite envoyé un message au Minor Planet Center (Centre des planètes mineures), qui collecte les données sur les astéroïdes, à Washington, tout en continuant à l’observer. Et une heure plus tard, la probabilité de collision avait changé : elle était passée à 100%.

Une alerte a donc été donnée ?

Oui, à 20h25, une heure après la première détection, le système de surveillance de l’agence spatiale européenne déclenche une alerte. L’astéroïde est difficile à trouver parce qu’il est très proche de la Lune, et il bouge très vite dans le ciel : il est tout près de la Terre. Partout en Europe et en Asie, les astronomes se mobilisent. Ils parviennent à le localiser plus précisément. Et ils calculent qu’il va tomber au-dessus de la mer, au Nord de la Norvège, à 21h22 et 42 secondes précisément.

On a eu peur qu’il y ait des dégâts ?

Non, on se rassure très vite. Parce que l’endroit de la chute de l’astéroïde est isolé. Et surtout parce que d’après la lumière qu’il reflète, les astronomes calculent qu’il est petit : 1 mètre de diamètre seulement. Il ne va pas toucher le sol. Il va brûler dans l’atmosphère.

Et c’est ce qui se produit, à l’heure prévue : il se désagrège… On n’a aucune vidéo du crash, il n’y avait personne en pleine mer à ce moment-là pour le filmer. Mais le réseau international de détecteurs d’infrasons, d’infimes vibrations de l’air, a capté le choc. Il a libéré une énergie équivalente à un tremblement de terre de magnitude 4.

Ça arrive souvent ces chutes d’astéroïdes ?

Très souvent, sans qu’on s’en aperçoive. Statistiquement, il tombe un astéroïde de ce type toutes les deux semaines. Mais c’est seulement le 5e que l’on parvient à détecter avant qu’il ne frappe la Terre.

Les astéroïdes sont très difficiles à voir. Ce sont de petits objets, très mobiles par rapport à une étoile : il faut des télescopes sensibles qui regardent le ciel en permanence pour les voir. Mais un réseau mondial de surveillance est en train de s’organiser pour prévenir le risque. Parce qu’il suffit d’un astéroïde d’une vingtaine de mètres pour faire des dégâts : en 2013, celui qui avait fait un millier de blessés, autour de Tcheliabinsk, en Russie, faisait seulement 16 mètres.

Et une mission est en route, aussi, pour tester notre capacité à dévier un astéroïde qui serait menaçant. La sonde s’appelle Dart, elle a été lancée à l’automne dernier. Et elle devrait atteindre un petit astéroïde qui s’appelle Didymos en septembre.

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