Tous nos organes n’ont pas le même âge
On dit souvent qu'on a l'âge de ses artères, selon le bon sens populaire. Oui mais quel âge ? Et qu'en est-il de nos organes qui ne vieilliraient pas au même rythme ? Une étude récente tend à démontrer que neuf catégories de nos organes ont leur propre processus de vieillissement.
Avec Mathilde Fontez, rédactrice en chef du magazine scientifique Epsiloon, on évoque aujourd'hui l'âge réel de nos organes. Artères, foie, système immunitaire, et système cardiovasculaire, ne vieillissent pas au même rythme, selon une découverte récente.
franceinfo : Nos organes n’ont pas tous le même âge. C’est ce que vient de découvrir une équipe de l’université de Singapour ?
Oui, on n’a pas forcément l’âge de nos artères. En tous cas, nos artères n’ont pas forcément le même âge que nos reins, ou notre foie. C’est ce que montre une étude réalisée à partir d’échantillons recueillis auprès de plus de 400 personnes, âgées de 20 à 45 ans. C’est toute l’originalité de ce travail : les chercheurs ont choisi d’étudier le processus de vieillissement chez des jeunes, de traquer les changements précoces de chacun de nos organes.
Ils ont travaillé à partir d’échantillons de sang ?
Pas seulement : ils ont rassemblé des analyses sanguines, mais aussi des échantillons de selles, des résultats d’examens de la condition physique, et même des images de la peau du visage. Au final, ils ont dressé un tableau de mesure de 400 caractéristiques biologiques – 403 pour être exact – qu’ils ont triées en 9 catégories : foie, rein, microbiome intestinal, système cardiovasculaire, immunité, métabolisme et hormones.
Et ce qu’ils voient, c’est que l’usure de chacun de ces éléments du corps varie beaucoup d’une personne à l’autre, et même chez un seul individu. Ce qu’ils voient aussi, c’est que certains de ces organes reflètent l’âge, par exemple le système cardiovasculaire, tandis que d’autres évoluent à leur rythme, comme le microbiome intestinal.
On peut donc quantifier une sorte d’âge biologique pour chaque organe ?
Oui, ça valide ce concept d’âge biologique. C’est une idée qui est explorée depuis les années 70 : depuis longtemps, les spécialistes se disent que l’état des cellules du corps peut être interprété comme un âge, qui serait différent de l’âge, en années.
Mais c’est la première étude précise, vraiment quantitative. Et cette échelle que les chercheurs ont choisie, l’échelle de l’organe, s’avère particulièrement pertinente. Le rein, le foie, le système cardiaque ont chacun un âge.
Cela pourrait permettre la détection précoce de maladie ?
C’est l’idée, oui. Les chercheurs ont par exemple remarqué que les données qu’ils ont collectées sur notre foie pourraient être utilisées pour prédire quelles personnes seront susceptibles de souffrir plus tard de stéatose hépatique, un excès de graisse dans le foie, qui n'est pas dû à une surconsommation d'alcool.
De manière générale, l’étude suggère qu’un suivi de l’âge biologique des organes individuels pourrait prévenir les risques, améliorer les traitements précoces et le dépistage. Et pourquoi pas, prédire notre durée de vie : les chercheurs ont conclu leur étude en croisant leurs 9 indicateurs par organe, avec les données biologiques de plus de 4.000 personnes, dont la moitié de centenaires pour voir s’ils les retrouvent. Et ça marche, mais pas avec une grande précision. Évidemment l’influence des modes de vie, de l’environnement, reste une inconnue dans cette équation.
Discover how our broad multi-omics expertise has uncovered new insights into the fascinating area of biological age (BA) in our new, first-authored study just published in @CellReports!https://t.co/rqGQMjUqG8 pic.twitter.com/KwLLZSEw0P
— BGI (@BGI_Genomics) March 11, 2022
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