L’hoazin, oiseau extraterrestre
C’est l’histoire d’un oiseau qui vit en Amazonie mais que les spécialistes prennent pour un extraterrestre…
Cette drôle d’histoire ressort de la vaste analyse menée par les généticiens pour reconstruire l’épopée évolutive des oiseaux : cette folle conquête du ciel menée par une poignée de dinosaures survivants.
Ce projet baptisé "10 000 Génomes" a été lancé en 2015. Le but : séquencer et classer la séquence génétique d’un représentant des 34 ordres d’oiseaux connus, puis d’un représentant des 240 familles, puis un des 2250 genres, et enfin un représentant d’environ 8000 espèces différentes. De quoi dresser un bel arbre d’évolution !
L'hoazin, un oiseau unique...
Dans les jours qui viennent, l’équipe internationale va soumettre à publication son travail pour les 240 familles (le niveau des ordres a déjà été fait). Et, d’ores et déjà, ils le constatent : il y a un intrus, un inclassable, un différent : l’hoazin. "Une espèce abominablement récalcitrante", nous confiait un des chercheurs. L’hoazin, ou "sassa" en créole de Guyane, est un oiseau de la taille d’un faisan, qui paresse dans les feuillages des mangroves amazoniennes. Et son comportement, déjà, est bizarre.
Fait unique chez les oiseaux, il rumine comme une vache : sa poitrine a fait place à un énorme jabot où fermentent feuilles et bourgeons. Autres bizarreries : l’oisillon sait instinctivement nager, même sous l’eau ; il a une paire de griffes digne des dinosaures sur chaque aile qui lui permet de grimper aux arbres ; et il peut se déplacer à quatre pattes, comme un quadrupède. Mais le plus mystérieux, c’est son génome : c’est le seul oiseau qui ne possède aucune espèce cousine encore vivante. Il est perdu dans l’arbre : c’est l’unique représentant de son ordre, taillé juste pour lui, faute de mieux.
... longtemps apparenté aux poules
Pour des raisons morphologiques, il avait été longtemps apparenté aux poules, puis aux coucous. Pour des raisons génétiques, il avait été ensuite approché du groupe des "oiseaux de terre" (comme le paon), puis de l’ordre des oiseaux limicoles, des petits échassiers. Mais, même avec les nouveaux séquençages, rien à faire : le flou demeure.
Sans ancêtre commun avec les autres oiseaux, impossible de remonter à l’origine de sa branche. Selon certains, le mystère de l’hoazin pourrait même bien ne jamais être percé. Il restera peut-être donc à jamais le plus mystérieux de tous les oiseaux. Un véritable extra-terrestre…
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