Les îles favorisent la diversité des langues
Les linguistes avaient déjà constaté que les petits territoires insulaires – ceux d’une superficie inférieure à celle de la Jamaïque (environ 11 000 km2) – hébergent près de 20% des langues de la planète, alors que ces îles représentent moins de 1% de la surface des terres émergées. Pour avoir une idée, on compte 140 langues différentes au Vanuatu, pour une population de 330 000 habitants seulement. Afin de comprendre le phénomène, ces biologistes ont analysé la linguistique de plus de 13 000 îles, et ils ont enfin compris comment les îles favorisent la diversité.
Comme les espèces animales ou végétales
Un parallèle assez juste peut être opéré avec les espèces animales ou végétales. Darwin l’avait bien constaté aux Galapagos : les îles favorisent l’émergence de nouvelles espèces, parce que ces organismes qui débarquent sur une nouvelle terre évoluent génétiquement de leur côté, en raison de leur isolement géographique. On parle alors d’espèces endémiques, c’est-à-dire exclusivement liée à ce lieu.
Le même mécanisme se joue pour les langues : les chercheurs australiens ont repéré quelque 630 langues endémiques parlées uniquement sur des îles, soit 10 % des langues du monde. Bien sûr, d’autres facteurs historiques, culturels ou technologiques entrent en compte pour les humains : les plantes ou animaux se déplacent souvent de manière passive, alors que l’invention du canoë a permis à homo sapiens de coloniser les îles du Pacifique les plus isolées. Mais on constate quand même que plus les îles sont éloignées des continents, plus les langues utilisées sont endémiques et uniques au monde.
Des langues pas forcément en danger
Ces langues sont-elles menacées d'extinction ? Pas plus que celle des continents, révèle l'étude, ce qui est plutôt rassurant. Il ne faut toutefois pas perdre de vue les menaces qui pèsent sur la diversité linguistique mondiale, avec l’uniformisation des modes de vie : sur à peu près 7000 langues parlées aujourd’hui, les dernières estimations prévoient que 1500 pourraient disparaître d’ici à la fin du siècle – actuellement, une langue disparaît tous les 40 jours environ.
Ces espaces isolés, ces bouts du monde, souvent paradisiaques, constituent donc un refuge précieux pour le langage humain. Une raison de plus pour prendre soin des îles.
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