Le premier vrai test de centrale solaire spatiale est en cours
Les premiers panneaux solaires dans l’espace sont en train d’être déployés. Un moment clé pour un rêve vieux de 100 ans : la centrale solaire spatiale. Hervé Poirier, rédacteur en chef au magazine scientifique Epsiloon, nous explique aujourd'hui qu’une expérience hors norme est en train d’être déployée en orbite autour de la Terre.
franceinfo : C'est la première expérience de centrale solaire spatiale. Expliquez-nous...
Hervé POIrier : Ce n’est qu’un test, réalisé par l’université américaine Caltech. Un test qui ne fait pas beaucoup de bruit médiatique : ce n’est pas la Nasa qui finance mais la Darpa, l’agence militaire américaine, beaucoup plus discrète. Mais oui, c’est une grande première qui est en train de se jouer au-dessus de nos têtes, à 530 km d’altitude.
Pour la première fois, dans les jours et les semaines qui viennent, vont être testés dans l’espace tous les maillons techniques nécessaires à la mise en place de ce vieux rêve imaginé il y a un siècle, par le russe Konstantin Tsiolkovski, repris notamment par l’auteur de science-fiction Isaac Asimov : le rêve de capter les rayons du soleil depuis l’espace, grâce à des miroirs géants, et de les renvoyer directement sur Terre pour nous alimenter en énergie.
Concrètement, qu’est-ce qu’ils sont en train de faire là-haut ?
Dans ce vaisseau spatial truffé de 50 kg de matériel, les ingénieurs américains sont en train de tester la stabilité et le déploiement du support mécanique pour les panneaux solaires, le fonctionnement d’un émetteur et d’un récepteur de micro-ondes chargé d’envoyer l’énergie vers la Terre, et l’efficacité de différentes cellules photovoltaïques – il emporte une collection de 32 différentes, pour les comparer.
Cela paraît quand même fou : il y a des chances que ce projet de centrale solaire spatial se mette vraiment en place ?
Il y a 15 ans, les ingénieurs et les gouvernements auraient ricané. Mais tous les experts que nous avons rencontrés l’affirment : avec l’avènement des lanceurs réutilisables, de l’impression 3D, des robots autonomes et des cellules solaires organiques, il n’y a plus de problème technique majeur.
Et dans le contexte énergétique actuel, les financements affluent. L’Europe a réalisé un premier test sur Terre en septembre dernier ; la Chine a installé une première antenne de réception quelques mois plus tôt ; le Japon et la Grande-Bretagne sont aussi sur les rangs.
Il y a maintenant plein de questions sur la table. Comment améliorer la conversion d’énergie tout au long de la chaîne, pour l’instant très faible ? Comment gérer cet énorme faisceau micro-onde hyper énergétique qui tomberait du ciel ? Quel est le risque pour les oiseaux ? Les avions ? Et, au final, quelle serait la rentabilité d’une telle centrale ? Une chose est sûre : ce n’est plus de la science fiction…
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