Le billet sciences. La science au service de la paix et du développement
Nous vivons une période particulière ne serait-ce qu’avec le Covid-19 et la crise sanitaire inédite, des élections à suspense, ou encore des attentats. L’Unesco, elle, défend la science au service de la paix et du développement, à l’occasion d’une journée mondiale qui aura lieu ce mardi 10 novembre.
Initiée par l’Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) en 2001, la Journée mondiale de la science au service de la paix et du développement est célébrée chaque année dans le monde à la date du 10 novembre. Elle est l’occasion de rappeler le mandat et l’engagement de l’UNESCO vis-à-vis de la science.
Depuis toujours, la science a servi la paix comme la guerre
Les budgets militaires et la recherche dédiée ont battu des records, telles que ces annonces récentes sur des missiles hypersoniques capables de voler de 5 à 30 000 km/heure, des torpilles filant sous l’eau à 450 km/heure, ou encore la militarisation de l’espace.
Il ne faut pas avoir peur de la science elle-même, c’est l’usage qu'on en fait qui pose question.
Catherine Bréchignac, ancienne présidente du Centre national de la recherche scientifique
"Les gens utilisent des couteaux pour couper leur viande, d’autres pour tuer leur voisin. Un outil très primaire qui donne des proportions gigantesques parce que certains l’utilisent de façon démente", ajoute Catherine Bréchignac, membre de l'Académie des Sciences.
Dans son dernier ouvrage, La Sardine et le Diamant, de l'utillité de l'ordre et du désordre paru au Cherche Midi, Catherine Bréchignac fait référence à l'ordre et au désordre dans la nature et dans nos sociétés. Sur la gestion des publications, notamment, celles sur le Covid-19, elle suggère de les faire trier par l'intelligence artificielle. Bien que la concurrence fasse rage entre les laboratoires pour mettre au point un vaccin contre le coronavirus, les chercheurs continuent de coopérer car, au fond d’eux-mêmes, ils travaillent pour le bien de l’humanité.
La concurrence dans le cadre du Covid fait que l’on va plus vite. Des firmes de médicaments ont envie que l’on trouve au plus vite des vaccins, mais les chercheurs dans les laboratoires, eux, travaillent pour le bien de l’humanité.
Catherine Bréchigniac
Des domaines où la science est largement partagée
C’est le cas lorsqu’il est question du climat et de zones du globe terrestre comme l’Antarctique ou le fond des mers, qui sont considérées comme des biens communs de l’humanité.
"Il existe par ailleurs un traité pour l’espace, signé sous l’égide des Nations Unies", nous rappelle Jacques Arnould, en charge de l’éthique de l’espace au sein du CNES (centre national d’études spatiales) et auteur de nombreux ouvrages sur cette question.
Ce traité stipule entre autres, que l’exploration et l’utilisation de l’espace doivent s’effectuer pour le bienfait et dans l’intérêt de l’humanité entière, que les corps célestes ne peuvent faire l’objet d’aucune appropriation, que la construction de bases militaires y est interdite. Et aucune arme de destruction massive ne peut être mise en orbite.
Mais ce traité a été signé en 1967, à une époque où on ne voyait pas trop d’intérêt économique ou militaire dans l’espace, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Ces règles fondamentales sont ébranlées, notamment par le Space Act, où les citoyens américains sont autorisés à exploiter commercialement les ressources spatiales. On parle, par exemple, de s’approprier Psyché, un astéroïde flottant entre Mars et Jupiter, qui contiendrait des métaux rares pour une valeur de 700 milliards de milliards de dollars...
Sur terre, nous avons deux grands territoires qui ont été déclarés patrimoine commun de l’humanité, l’Antarctique et le fond des mers. Contrôler l’Antarctique n’est pas très facile, mais c’est encore possible. Contrôler l’espace, c’est encore plus compliqué.
Jacques Arnould, du CNES
Militariser ou commercialiser l’espace, ce n’est évidemment pas à la science d’en décider, mais c’est l’usage qu’on en fait et "tous les astronautes, qu’ils soient à bord de la station internationale ou allés sur la Lune ont ce souci d’universalité. Les astronautes qui se retrouvent à 400 km ou sur la surface de la Lune voient cette terre et disent que tout ce qu’ils font doit l’être au service de la planète toute entière et de travailler pour la paix entre nous tous", souligne Jacques Arnould.
"Science sans conscience n’est que ruine de l’âme", écrivait Rabelais, c’est plus que jamais d’actualité.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.