Cet article date de plus de trois ans.

Le billet sciences du week-end. Nous ne supportons pas que les autres bougent autour de nous !

Comme chaque weekend depuis la rentrée, Mathilde Fontez, rédactrice en chef du nouveau magazine scientifique "Epsiloon" aborde un sujet d'actualité, en ces temps d'anxiété et de crise sanitaire. Pourquoi est-ton agacé quand les autres bougent autour de nous ? Un phénomène psychologique qui vient seulement d'être étudié.

Article rédigé par franceinfo, Jules de Kiss - Mathilde Fontez
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La misokénie : Un tiers d’entre nous seraient ultrasensibles à ses petits gestes ou mouvements répétés inconscients que font les autres. (Illustration) (GETTY IMAGES / FSTOP)

On parle aujourd’hui d’une étude qui montre que nous ne supportons pas que l’on bouge autour de nous. Un tiers de la population serait touchée par ce trouble. 

franceinfo : Quel est ce trouble Mathilde Fontez, vous êtes rédactrice en chef du magazine Epsiloon, par quoi est-il provoqué ? 

Mathilde Fontez : Ce trouble a un nom. Il s’appelle misokinésie. Il qualifie en quelque sorte la haine des mouvements. C’est un phénomène psychologique qui est défini par une forte réponse émotionnelle négative à la vue de mouvements répétitifs. Vous savez, ce pied qui se balance sans cesse. Cette main qui tapote, et qui provoque chez nous un profond agacement, voire de l’anxiété. Vous voyez ce que je veux dire ? 

Et bien ce phénomène n’avait pas vraiment été étudié jusque-là, et c’est en s’apercevant qu’il commençait à se former des groupes de soutien sur Internet, qu’une équipe de psychologues canadiens a décidé de creuser le sujet. Notamment en essayant de voir si le trouble était aussi fréquent que les internautes semblaient le suggérer.

Et la réponse est oui… 

Sans aucun doute oui ! Un tiers d’entre nous seraient ultrasensibles à ses petits gestes - il y a aussi le balancement sur la chaise - au point d’être totalement incapables de les ignorer. Les chercheurs vont même plus loin. Leur étude démontre que ce phénomène n’est pas binaire : il est progressif. Ce qui veut dire qu’il existe en fait chez tout le monde, mais avec plus ou moins d’intensité. Et chez 30% des gens, il deviendrait un trouble maladif, difficile à supporter. Jusqu’à réduire le plaisir éprouvé dans des situations sociales, voire empêcher de travailler… 

Mais alors d’où ça vient ? 

Pas de réponse précise encore. L’étude de ce trouble commence tout juste. Mais il y a tout de même un début de réponse. Les chercheurs ont remarqué un détail : l’agacement, l’anxiété ne surgissent que lorsque ce sont des humains qui bougent autour de nous. Les mouvements répétitifs d’un objet par exemple, et même d’un animal ne provoquent pas de réaction. 

Cela laisse penser que ce sont les "neurones miroirs" qui interviennent ici : des neurones qui s’activent quand nous bougeons. Par exemple, lorsque l’on voit quelqu’un qui a mal, ce sont ces neurones qui nous amènent à partager la douleur, à crisper le visage, à accélérer notre rythme cardiaque.

Ce pourrait être le même phénomène ici : en voyant l’autre s’agiter inconsciemment, nous serions contaminés par ce mouvement, qui s’associerait à l’anxiété, et nous rendrait, à notre tour, anxieux. En gros, si nous ne supportons pas que les autres s’agitent autour de nous, c’est par empathie ! 

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