Cet article date de plus de trois ans.

Le billet sciences du week-end. Les expéditions scientifiques d’aujourd’hui : sur les traces des explorateurs

Théodore Monod, explorateur et humaniste français, décrivait ainsi les explorations scientifiques : “Jusqu’au XIXe siècle, les scientifiques étaient des aventuriers, il restait la terre à découvrir, maintenant il s’agit plutôt de savoir comment le monde fonctionne”. 

Article rédigé par franceinfo, Gérard Feldzer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Le Polar Pod, projet de plateforme habitée destiné à explorer l'océan. (CC BY-SA 4.0 JEAN-LOUIS ETIENNE VIA WIKIMEDIA COMMONS)

Avec le Polar Pod, Jean-Louis Étienne réinvente les expéditions. C’est grâce à des explorateurs sans crainte, scientifiques et chercheurs à la conquête de la compréhension du monde, que nous en savons autant aujourd’hui sur les animaux, plantes, insectes et phénomènes terrestres. Mais reste-t-il des choses à découvrir ?

On imagine souvent ces grands navigateurs, voguant vers des jungles inexplorées, de grands déserts ou des terres glaciales, munis de leurs outils de mesure, leurs échantillons, leurs cartogrammes. John Byron, en 1764, est le premier à s’être attelé à la tâche, explorant, calculant et analysant l’océan Atlantique.

"J’ai d’abord appris que le 7e continent de déchets plastiques n’existe pas comme on l’imagine..." Expédition 7e continent. (Illustration) (STEPHANIE LEDOUX)

Du côté français, c’est Jean-Baptiste Charcot qui étudie l’Antarctique en 1905. L'étude des pôles fait des émules. Sur ses traces, Paul-Émile Victor se rend au Groenland, pour comprendre les Inuits. Puis, Jean-Louis Étienne est le premier homme à atteindre le pôle Nord à pied, en 63 jours, en 1986. À cette époque, pas de GPS, il s'est dirigé grâce au Soleil.   

Le réchauffement climatique permet d’ouvrir de nouvelles voies maritimes au pôle Nord mais, dans le même temps, on vient d’enregistrer des records de chaleur au Canada et en Sibérie. Cette préoccupation incite de nombreux scientifiques à multiplier les expéditions.

48 degrés au-delà du cercle polaire, c'est un record qui a de quoi inquiéter les scientifiques qui souhaitent multiplier les expéditions pour, entre autres, mesurer ces puits de carbone que sont nos océans, et déterminer leur capacité à absorber le CO2 pour réguler le climat, comme Jean-Louis Étienne avec son Polar Pod

L’un des objectifs principaux de cette expédition, c’est la mesure des échanges entre l’atmosphère et l’océan. L’océan Austral est le principal puits de carbone océanique de la planète.

Jean-Louis Étienne, explorateur

Le Polar Pod est une tour flottante, de 80 mètres en immersion et 20 mètres au-dessus de l’eau, qui abrite les scientifiques. Cette structure permet une meilleure stabilité qu’un bateau classique, surtout dans les 50e rugissants. Ils peuvent ainsi rester deux mois sur zone, pour récolter des données ou étudier l’acoustique de la faune avec une grande précision, tirant parti du silence du bateau, du fait de l’utilisation des énergies éolienne et solaire.   

On connaît aujourd’hui la signature sonore de toutes les espèces et par une écoute passive, on va faire un inventaire très précis de la faune, donc on va apporter une mesure précieuse pour réguler les quotas de pêche dans ces secteurs.

Jean-Louis Étienne

Cette plateforme océanographique conçue pour dériver dans le courant circumpolaire antarctique, naviguera trois ans durant (Météo France et Mercator Océan). Grâce à ses capteurs, il permettra l'acquisition de données inédites, couplées "biologie-chimie-physique", qui seront transmises à toute la communauté scientifique internationale. Étude des changements atmosphère-océan, recensement de la biodiversité, et études des microplastiques, ce projet renoue avec les explorateurs du passé. 

Le projet polar pod de Jean-Louis Etienne. (POLAR POD)

Que reste-t-il à découvrir ?   

À l’heure des observations satellitaires, on peut se questionner sur l’utilité, de nos jours, de monter de telles expéditions qui coûtent cher. Malgré la disparition de 70% de la faune sauvage ces 50 dernières années, il reste encore 90% des espèces vivantes à découvrir, et il y a urgence avant leur disparition. Ces expéditions sont indispensables pour mieux comprendre les écosystèmes, et notre avenir.   

Les financements des expéditions   

Le logo de l'expédition de Jean-Louis Etienne pour son exploration de l'océan Austral. (POLAR POD)

De Christophe Colomb à Magellan ou Jean-Baptiste Charcot, tous ont peiné à trouver leurs financements. Jean-Louis Étienne a mis plus de 10 ans à boucler le sien pour le Polar Pod, une aventure, mais aussi de la persévérance   

Pour en savoir plus : 

La renaissance des grandes expéditions scientifiques

Les expéditions scientifiques

France Culture : Que reste-t-il à découvrir de la Terre ?    

France Culture : Les passeurs de science : les grandes expéditions scientifiques

Expéditions scientifiques | Fondation Iris  

Expédition au Groenland : au milieu des glaces, le Rennais Vincent Grison surpris chaque jour  

Nouvelle expédition sous-marine pour Under the Pole   

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