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Le billet sciences du week-end. L'amour des coccinelles, le désamour des pesticides

Les néonicotinoïdes, tueurs d’abeilles, sont de retour, puisque le Conseil d’Etat a validé cette semaine leur réutilisation. Il s’agit d’une dérogation pour sauver la filière de la betterave sucrière.

Article rédigé par franceinfo, Gérard Feldzer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
La plupart des ravageurs des cultures possèdent un cortège d'ennemis naturels qui contribuent à limiter leur pullulation. Les pesticides auraient fait disparaître 70% des insectes, notamment les coccinelles qui mangent les pucerons.  (CHRISTIAN WATIER / MAXPPP)

Lundi 15 mars, après deux ans d’interdiction, le Conseil d’État a validé la réintroduction provisoire des néonicotinoïdes pour la filière de la betterave sucrière. Cette décision s’appliquant à des pesticides très critiqués pour leur impact sur les abeilles, elle rouvre le débat sur leur utilisation. 

La filière de la betterave sucrière a obtenu cette ré-autorisation après deux ans d’interdiction qui aurait entraîné selon elle, 30% de pertes de récoltes, soit 280 millions d’euros. Benoît Biteau, député européen, paysan agronome, affirme lui, qu’on paie cette facture en terme de santé et que les animaux sont aussi concernés.

Les pesticides, une grande famille

Si elles sont réunies sous l’appellation de "pesticides", ces substances, chimiques ou naturelles, ont des usages et des compositions très variées. Elles sont utilisées pour détruire des organismes considérés comme nuisibles pour la production agricole, et sont réparties en trois grandes catégories : 
- les herbicides (contre les mauvaises herbes),
- les insecticides (contre les insectes)
- et les fongicides (contre les champignons).   

Des usages qui ne resteront pas sans conséquences

Actuellement, 90% des agriculteurs utilisent ces pesticides, et leur impact inquiète.

Les pesticides impactent des ressources vitales comme l’air que l’on respire à chaque instant, l’eau que l’on boit tous les jours, la nourriture que l’on met dans nos assiettes. La présence de ces molécules de synthèse met en péril la santé d’à peu près tout le monde.

Benoît Biteau, député européen, paysan agronome

Par ailleurs, selon l’association Respire, les particules fines émises dans l’atmosphère au moment des épandages fragilisent les voies respiratoires et même, selon certains scientifiques, pourraient diffuser le virus et favoriseraient ainsi la circulation du covid-19

Outre la santé, l’utilisation de ces produits entraîne une dégradation de la biodiversité et ils seraient responsables de la disparition de 70% des insectes et par conséquent de 40% des oiseaux.

Pour éviter ces conséquences désastreuses, il existe aujourd’hui de nombreuses alternatives comme le désherbage mécanique avec des robots, ou encore le biocontrôle, avec l’utilisation d’insectes entomophages, des prédateurs d’autres insectes, comme la coccinelle : des organismes vivants ou des substances naturelles préviennent ou réduisent les dommages causés par des nuisibles. 

Aujourd’hui, le biocontrôle est utilisé dans quasiment 90% des exploitations agricoles. Sur les exploitations de plein air, on utilise également des alternatives comme des solutions à base d’ail. 

Guillaume Cabot, vice-président du syndicat des jeunes agriculteurs

Plus étonnant, certains utilisent des micro-algues récoltées au large des côtes bretonnes pour lutter contre le mildiou, un parasite. Dans le cas de la pyrale, un papillon ravageur connu des producteurs de maïs, un centre de recherche à Sophia Antipolis teste des mini-guêpes dévoreuses de larves. Les expérimentations sur le terrain ont d’ores et déjà commencé et les résultats sont encourageants. Des expériences soutenues par Benoît Biteau, qui juge qu’ "on a des acteurs de l’agriculture qui savent faire autrement. Regardons ce qu’ils font et utilisons ces références pour les vulgariser et les déployer à grande échelle. Il faut les accompagner !"  

Regardez ce reportage d'Hugo Chapelon et Stéphane Hyvon, diffusé le 8 septembre 2016 sur France 3 Auvergne-Rhône Alpes.

Un objectif, deux visions 

Bien que l’objectif du gouvernement soit de réduire de moitié l’utilisation des produits phytosanitaires d’ici 2025, la question des aides à la transition et du calendrier continue à diviser. 

Si, pour les écologistes et les partisans de l’agroécologie, la transition doit se faire dès maintenant, les agriculteurs utilisant des pratiques intensives souhaitent plus de temps pour cette transition. Toutefois, la volonté est bien présente : utilisation de nouvelles technologies, de pratiques plus respectueuses de l’environnement ou encore observation des dynamiques dans l’environnement, des alternatives appliquées par de plus en plus de producteurs soucieux de leur avenir et de celui des générations futures.

Pour prendre des décisions, il sera donc nécessaire de donner à ce milieu les moyens de faire sa transition !

Lire aussi : En finir avec les pesticides, pourquoi les choses ne sont pas simples.   

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