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Bye bye Arecibo

L’annonce vient de tomber : le radiotélescope Arecibo, à Porto Rico dans les Caraïbes, ne sera pas réparé. C’est la fin d’un monument devenu mythique… 

Article rédigé par franceinfo - Hervé Poirier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le 1er décembre 2020, l'observatoire d'Arecibo à Porto Rico, cet énorme radiotélescope, s'est effondré après des décennies de découvertes astronomiques. Mais son démantèlement avait déjà été décidé quelques semaines auparavant.  (EL NUEVO DIA / ZUMA PRESS / MAXPPP)

L'observatoire d'Arecibo à Porto Rico, une île des Caraïbes, ne sera pas réparé. Arecibo, c’est la scène de fin du film GoldenEye – même si ce n’est pas le meilleur James Bond : c’est là que se joue le combat entre Pierce Brosnan et le grand méchant, qui finit par s’écraser au fond de la gigantesque coupole.

franceinfo : À quoi ressemble ce radiotéléscope ?

Hervé Poirier : Car Arecibo, c’est d’abord un monument spectaculaire : une antenne sphérique de 300 mètres de diamètre et de 50 mètres de profondeur, avec plein de câbles tendus au-dessus, le tout perdu au milieu de la jungle tropicale. 

Arecibo, c’est aussi le film Contact : Jodie Foster travaille dans ce radiotélescope quand elle reçoit un message envoyé par des extraterrestres. Car Arecibo est étroitement associé à E.T. C’est de là qu’a été envoyé en 1974 un fameux message dans le cosmos, à destination d’une éventuelle intelligence en mesure de l’entendre. Et c’est là qu’étaient recueillies les données pour le programme SETI, dans le but de détecter la présence de civilisations extraterrestres avancées.  

Que nous a-t-il permis de découvrir ? 

Alors, certes, il n’a pas trouvé de traces d’E.T. Mais, depuis sa construction au début des années 60, il a fait de très belles découvertes. Il observe le cosmos dans les ondes radios, pas dans le visible, ce qui lui permet de sonder l’univers énergétique, d’observer des phénomènes violents, massifs. Il a ainsi fourni la première preuve de l’existence des étoiles à neutrons, la première preuve indirecte de l’existence des ondes gravitationnelles. Il a été un pionnier dans la détection des astéroïdes, dans l’observation des exoplanètes…  

Mais aujourd’hui, il est trop vieux, trop abîmé ?

Il a subi un séisme en 2014, un ouragan en 2017, une tempête en 2020. Personne n’a donc été surpris quand la Fondation nationale pour la science américaine qui gère cet instrument a annoncé qu’elle ne réparera pas ces dégâts : le radiotélescope va devenir un centre éducatif.  Il faut dire qu’il était un peu dépassé.

En 2016, le télescope chinois FAST avec sa parabole de 500 mètres, était devenu le plus grand radiotélescope du monde. Il était surtout dépassé par le développement de l’interférométrie : la combinaison de plusieurs radiotélescopes un peu partout dans le monde permet aujourd’hui d’augmenter considérablement la précision. C’est comme cela que l’on peut aujourd’hui observer le trou noir central de notre galaxie.  

Bref : la fermeture d’Arecibo, ce n’est pas une grande perte pour la science. Mais il a eu une belle vie. Et il faut rendre hommage à ce monument : il a marqué nos imaginaires.  

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