Athlétisme : "la science est incontournable pour faire progresser la discipline olympique"

Comment la science améliore la performance des sportifs. C'est le thème du billet sciences pendant les week-ends de ces Jeux olympiques. Exemple avec l'athlétisme. Un reportage de Solenne Le Hen
Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
22 mars 2024. Inauguration de la nouvelle piste d'athlétisme de l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance, qui porte le nom de la triple championne olympique, Marie-José Pérec. Une piste avec de la fibre optique, capable de détecter tous les contacts avec le sol. (MATHILDE KACZKOWSKI / HANS LUCAS VIA AFP)

Aujourd'hui, de nombreuses disciplines sportives font appel à des chercheurs pour gagner davantage de médailles. C'est le cas notamment en France. Exemple, avec l'athlétisme. À l'Insep, l'institut du sport et de la performance, la piste d'entraînement d'athlétisme a été refaite à neuf ces derniers mois, avec sous le tartan de la fibre optique.

 
Sur la piste d'athlétisme, Orphée fait ce qu'elle appelle des "gammes", des exercices d'échauffement. Sous les pieds de la sprinteuse, de la fibre optique. "On a environ deux kilomètres de fibre, explique Alexandre Guyon des Diguères, du pôle performance de l'Insep. Elle tourne tout autour de la piste, et on la fait passer de couloir en couloir, pour capter un maximum d'informations."

De la fibre optique sous une piste : une première au monde

La fibre est capable de détecter tous les contacts avec le sol, souligne Alexandre Guyon des Diguères.

"Chaque fois qu'on foule la piste, la fibre optique enregistre, un animal qui passe, elle enregistre, une feuille qui tombe, elle peut l'enregistrer. C'est très, très sensible."

Alexandre Guyon des Diguères

du pôle performance de l'Insep

Alexandre Guyon des Diguères sur la nouvelle piste d'entraînement d'athlétisme de l'INSEP, refaite à neuf ces derniers mois, avec sous le tartan de la fibre optique. (SOLENNE LE HEN / RADIO FRANCE / FRANCEINFO)

Pour le moment, le système de remontée de données n'est pas encore installé, mais bientôt, avec l'intelligence artificielle, les entraîneurs pourront, grâce à cette fibre optique, chronométrer précisément les athlètes, et décomposer leur course.

"On va pouvoir décomposer, se dire à 10 mètres, voilà où il est, ou à 20 mètres, est-ce qu'on est toujours bon, et ainsi de suite, au lieu de prendre différents chronos à différents endroits, ajoute Alexandre Guyon des Diguères. Donc c'est vraiment un gain sur la cinématique de la course pour les entraîneurs et les athlètes."

Un niveau de précision qui va modifier performances et entraînements

Le niveau de précision devrait permettre de repérer si l'athlète s'appuie plus sur le pied droit ou le pied gauche, de connaître l'amplitude de sa foulée, de calculer sa charge exacte d'entraînement, et donc de jauger ses risques de blessure. Thomas Jordier, spécialiste du 400 mètres, estime que la science est incontournable pour faire progresser l'athlétisme aujourd’hui.

16 août 2022 aux championnats européens de Munich, les sprinters spécialistes du 400 mètres, Alex Haydock-Wilson, britannique, le français Thomas Jordier et le polonais  Karol Zalewski. (DEFODI IMAGES VIA GETTY IMAGES)

"Ça va être hyper important d'avoir ce genre de référence, et pour nous, de savoir à quel moment je suis fatigué, à quel moment je peux accélérer, et comment je dois accélérer. Et tout ça va nous aider à être plus précis, plus pointilleux sur l'axe de la performance et de l'entraînement surtout."

Thomas Jordier

spécialiste du 400 mètres


L'ancienne championne Marie-José Pérec, dont cette piste porte le nom, serait même presque jalouse de tant de technologie.

"Tout ce qui se fait au niveau technologique, en fait on le retrouve, et c'est très important pour les athlètes. Je suis ravie que mon nom soit associé à un tel niveau de performance, ça me touche beaucoup."

Marie-José Pérec

triple championne olympique, une légende du 200 et du 400 mètres

Investir dans la science et la technologie, c'est ce qu'ont fait ces dernières années de "petites nations" comme la Norvège, la Suisse ou encore l'Estonie, explique Thomas Jordier. Elles sont devenues depuis, de grand pays de l'athlétisme mondial, conclut le spécialiste du 400 mètres.

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