L'euthanasie, un casse-tête éthique
Il y a une grande division des proches à son
sujet :
-
Sa femme et les médecins
souhaitent un arrêt des soins, une interruption de l'alimentation et de
l'hydratation. - Ses parents
refusent.
Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne s'est prononcé, jeudi
16 janvier, contre une décision d'euthanasie passive. La loi Leonetti permet en
effet l'euthanasie passive quand il s'agit d'éviter l'acharnement thérapeutique.
Mais il a été jugé que Vincent Lambert n'était pas dans ces
cas-là.
Or, nous publions dans notre numéro de ce mois-ci un débat entre le
médecin Régis Aubry et le philosophe André Comte-Sponville, tous deux membres du
Comité Consultatif National d'Ethique, qui éclaire bien les enjeux de cette
affaire.
Qu'est-ce qu'il en ressort ?
Comme le sujet est vraiment délicat, on ne peut pas le trancher de
manière brutalement dogmatique, je voudrais soumettre aux
auditeurs trois arguments pour la légalisation de l'euthanasie, et trois
arguments contre.
Trois argument pour :
- La liberté . De quel droit l'Etat peut-il décider pour moi de la
manière dont je vais finir mes jours ? Cette décision-là – le choix de ma mort –
m'appartient !
- La mort dans la dignité . Il y a un droit à mourir dans la
dignité. Certains états (végétatifs, de grande souffrance, de pertes
d'autonomie) sont considérés par certains comme indignes d'être
vécus.
- La clarification de la loi . La loi Leonetti depuis 2005 permet
dans certains cas extrêmes l'euthanasie passive, soit l'arrêt des soins. Le
problème, c'est que la distinction entre euthanasie passive et active est un peu
hypocrite. Dans certains cas (les nourrissons qui naissent aveugles, sourds et
paralysés), arrêter les soins, c'est provoquer une très lente et douloureuse
agonie, par déshydratation, sous les yeux des parents... Même chose pour Vincent
Lambert, d'ailleurs.
Et du côté des opposants à
l'euthanasie ?
Trois arguments contre
- La pente glissante . Quand on crée un droit de donner la mort, on
ne peut pas maîtriser toutes les conséquences et les malversations qu'il permet
(captation d'héritages, cas de médecins sadiques...).
- La pression budgétaire . En période de restrictions budgétaires
et de vieillissement de la population, ne risque-t-on pas de se débarrasser plus
vite des malades en fin de vie ?
- La dignité humaine . Toute personne est également digne : Mozart,
Einstein, le président de la République, un handicapé, un malade en phase
terminale... Administrer la mort, ce serait bafouer la dignité d'un homme, ce
qu'il a de "sacré" en tant que personne.
Votre avis ?
Personnellement, j'aimerais être libre de choisir ma manière de mourir,
sans que l'Etat ne me l'impose.
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