La médaille du jour. Le 22 mai 1998, la nuit des maudits du foot français
Il y a 20 ans, six joueurs quittaient l'Equipe de France en pleine préparation de la Coupe du monde. Le journaliste Karim Nedjari les a retrouvés. Il publie "La Nuit des maudits".
C'était il y a 20 ans. L'Équipe de France prépare sa coupe du Monde et Aimé Jacquet, le sélectionneur, est à Clairefontaine entouré de 28 joueurs, six de trop. Le 22 mai 1998, l'entraîneur a fait son choix. Il attend la nuit pour prévenir les bannis. Les joueurs sont fébriles derrière leur porte, ils guettent le moindre bruit. Dans l'ombre, six d'entre eux rejoignent la chambre 15 où Aimé Jacquet leur explique, froid et terriblement mal à l'aise, que l'heure de la séparation est arrivée. Ils doivent partir sur-le-champ, sans même un adieu. L'un appelle son beau-frère à la rescousse pour venir le chercher, les autres un taxi : Anelka, Ba, Djetou, Laigle, Lamouchi et Letizi quittent une équipe qui va devenir, quelques semaines plus tard, championne du monde. Dans La Nuit des maudits, paru en mai chez Fayard, le journaliste Karim Nedjari raconte comment ces six joueurs sont sortis de l'histoire.
Des joueurs oubliés
Seul Lionel Letizi sera invité à la finale, tandis que les autres sont oubliés : "Je n'étais pas de la famille", résume Pierre Laigle. Martin Djetou parle même de malédiction et consulte, sur les conseils d'un ami, une médium à Marseille : "Je n'y suis jamais retourné, explique-t-il. J’ai eu tort. Aujourd’hui, je me rends compte que je n’ai rien résolu." "Il m'a fallu trois ans et demi [pour tourner la page]", reconnaît de son coté Sabri Lamouchi, aujourd'hui entraîneur de Rennes. Vingt ans après, l'attaquant Ibrahim Ba n'a toujours pas pardonné à Aimé Jacquet.
Ce soir de mai 1998 là, à Clairefontaine, un seul joueur a tout vu depuis sa chambre. Il s'agit de Didier Deschamps, désormais sélectionneur de l'Équipe de France. Jeudi soir, il annoncera une liste comprenant des joueurs qui seront sûrs, cette fois, de participer à la Coupe du monde.
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