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Syrie : s'incliner devant les Russes est "une erreur tragique" (Pr Bérès, MSF)

La Syrie une nouvelle fois au cœur de discussions internationales : les Vingt-Sept sont réunis à Bruxelles ce lundi, l'UE prépare de nouvelles sanctions pour isoler un peu plus le régime syrien, qui s'est lancé dans une contre-offensive sanglante à Damas et Alep. Pour Jacques Berès, co-fondateur de Médecins sans frontières et Médecins du monde, il faudrait intervenir en Syrie même sans le feu vert de l'Onu.
Article rédigé par Célyne Baÿt-Darcourt
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
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Au 4e jour d'une contre-offensive violente lancée à Damas et Alep, la capitale économique, par l'armée régulière, le professeur Bérès décrit la situation qu'il a vécue en Syrie ces dernières semaines. Ce chirurgien, médecin humanitaire, s'est rendu plusieurs fois sur le sol syrien depuis le début de la révolution il y a 16 mois.

Les nombreux blessés sont soignés "dans des hôpitaux de fortune de bas niveau. On fait ce qu'on peut avec de très mauvaises conditions. On est vraiment dans le sauvetage, on essaye de garder des gens vivants. Mais c'est bien mieux que rien évidemment". Lors de sa dernière intervention à Homs, berceau de la révolution, le professeur Bérès a opéré 89 blessés, des femmes et des enfants surtout. "Cela demande beaucoup de travail à des chirurgiens, du temps et de l'énergie, mais un bon bombardement fait 100 morts d'un coup ou 100 blessés, donc tout cela est un peu symbolique".

A Damas, l'eau et l'électricité, les produits de première nécessité et les médicaments manquent parce que le régime avait fait piller beaucoup de pharmacies, rapportent les amis syriens du médecin. Et puis il y a les bombardements incessants : "Vous ne pouvez pas traverser la rue pour vous rendre à une épicerie qui a été réapprovisionnée. Il faut que ce soit à porter de votre maison", explique le professeur Bérès.

"Il n'y a pas assez de pétrole pour intéresser l'Occident".

"Maintenant, l'Occident apparaît, aux yeux des révolutionnaires, comme complice des Russes", explique le médecin humanitaire. Pour Jacques Bérès, "il faudrait intervenir sans le feu vert des Nations unies, on est plusieurs à le penser depuis un certain temps. Il aurait au moins fallu les armer sérieusement. Envoyer des gens avec des Kalachnikovs se faire massacrer contre des tanks, c'est tragique". On entend dire qu'il n'y a "pas assez de pétrole en Syrie pour intéresser l'Occident".

Malgré cette contre-offensive sanglante lancée vendredi, le régime syrien "est en train de tomber, et puis c'est une bonne chose. Cela fait un bout de temps que l'on attend, heureusement qu'il va tomber bientôt", se félicite le professeur Bérès.

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