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"Avec Rohani, il va y avoir des changements en Iran" (Iris)

Après la prestation de serment ce week-end du nouveau président iranien, Thierry Coville, chercheur à l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (Iris) souligne que Hassan Rohani est plus modéré que son prédecesseur Mahmoud Ahmadinejad.
Article rédigé par Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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"Il y a eu un changement en Iran : avec Rohani, ce ne sera pas la même chose que sous Ahmadinejad ". Thierry Coville, chercheur à l'Iris, est catégorique : l'élection d'un nouveau président dans la République islamique d'Iran va entrainer quelques changements dans le pays, tant au niveau politique, économique que social. 

Le spécialiste de l'Iran rappelle que deux courants forts se sont succédés à la tête du pays au cours des dernières années :

Un courant réformateur avec le président Mohammad Khatami, au pouvoir de 1997 à 2005,Puis un mouvement plus radical, sous l'impulsion de Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013). Hassan Rohani se placerait entre les deux. "Son grand mot d'ordre, c'est d'être contre tout les extrêmes et pour la modération ", explique Thierry Coville.

Autre particularité du septième président de la République islamique d'Iran : c'est un homme de réseaux. "Rohani est au cœur du système , analyse Thierre Coville. Il a eu des responsabilités dans toutes les institutions importantes, a été associé à toutes les grandes questions de sécurité en Iran ." Il a en effet été membre du Conseil suprême de défense de 1982 à 1988 et chef de son Comité exécutif entre 1986 et 1988.

Un homme connu en Europe

Rohani n'est pas inconnu en Europe : au début des années 2000, il a fait partie de l'équipe iranienne chargée des négociations nucléaires avec les Européens. Il avait accepté l'arrêt de l'enchrichissement de l'uranium en 2003, mais sans obtenir de contreparties.

Pour Thierry Coville, cet échec est le talon d'Achille de Rohani : "Beaucoup de radicaux Iraniens attendent qu'il n'arrive pas à négocier sur la question du nucléaire ", un nouvel échec qui leur permettrait d'affirmer que "la seule chose qui marche avec les Occidentaux, c'est la méthode forte. "

Cette déception de 2003 a modifié la position du nouveau chef d'Etat : "Le seniment en Iran, c'est qu'on a déjà donné : il est désormais hors de question d'arrêter le programme d'enrichissement d'uranium ".

Un président très attendu

Thierry Coville explique enfin que si Rohani a été élu, c'est parce qu'il est en phase avec une société iranienne en attente de plus de modération. "La population l'attend beaucoup, notamment en économie et sur les droits individuels , détaille le chercheur à l'Iris qui rappelle que Rohani a déjà condamné la répression des étudiants. Il s'est également dit favorable à la défense des droits des femmes et des jeunes.

Rohani se trouve dans une position délicate, à la recherche d'un équilibre entre une période réformatrice qui s'est soldée par un échec et la période Ahmadinejda, très radicale. "Rohani, c'est la troisième voie. Sera-t-il capable de répondre aux attentes de la population iranienne sans perturber le système ?

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