Retour d’Adrien Quatennens à l’Assemblée : qui est Andrée Taurinya, la néo-députée LFI qui sera désormais sa voisine ?
Adrien Quatennens a été exclu de son groupe LFI le temps de purger ses quatre mois de prison avec sursis pour "violences conjugales". Mais dans l'intervalle il peut siéger comme non-inscrit. Mercredi 11 janvier au matin, il a fait un retour discret dans sa nouvelle commission, celle des affaires étrangères. Mais dans l'hémicycle, quand il décidera d'y retourner, il sera désormais tout en haut, à la place 564 au bout de la rangée du groupe LFI.
En fait, ce n'est pas l'Assemblée qui l'a placé là. Le député non inscrit dit : j'aimerais bien aller dans tel groupe. Et là, le groupe LFI a donc fait un jeu de chaises musicales, en permutant deux députés – l'autre étant Léo Walter – parmi les 75 places qui lui avaient été attribuées en juin. À droite, Emmanuelle Ménard est tout en haut elle-aussi, mais de l'autre côté de l'hémicycle, près des députés LR. Nicolas Dupont-Aignan, non inscrit est avec les RN. Et donc Adrien Quatennens, avec les LFI.
Des parents communistes engagés
Qui est son nouveau voisin ? Pupitre 565, il s'agit d'Andrée Taurinya, nouvelle élue LFI de la Loire. Le dernier rang de l'Assemblée est un peu comme le fond d'une classe, les caméras de télé n'y montent pas souvent. Cela risque sans doute de changer. L'occasion d'un coup de projecteur sur cette nouvelle députée de la Loire Andrée Taurinya a été biberonnée à la politique et au communisme sur des générations, 59 ans, dont 25 passés à enseigner les lettres à Saint-Etienne. Le lendemain de son élection en juin, elle était retournée dire au revoir à ses élèves expliquant à quel point c'était dur de quitter ce collège Jean Dasté après un quart de siècle.
Elle a grandi au cœur des réunions de sections communistes avec des parents engagés, des grands parents communistes aussi, réfugiés espagnols coté paternel, et même une grand-tante vice-présidente de l'Assemblée nationale (Mathilde Gabriel Péri, femme de Gabriel Péri le député exécuté au Mont Valérien en 1941).
Andrée Taurinya, elle, adhère aux Jeunesses communistes à 15 ans en 1978, elle se bat pour Bobby Sands, ce gréviste de la faim membre de l'Armée républicaine irlandaise, mais aussi contre la pauvreté, les inégalités, et le sexisme. En 2017 elle avait déjà tenté sa chance mais avait été battue de 2 000 voix par un marcheur issu du PS, Jean-Michel Mis qu'elle bat, cette fois, de 200 voix. À ceux qui se demandent ce que ça lui fait de se retrouver voisine d'Adrien Quatennens, nous allons faire une réponse en deux temps. Si l'on se souvient de ce qu'elle disait en décembre, sur France Bleu à Saint Etienne, elle était soulagée de la décision prise par l'ensemble du groupe LFI de le sortir : "J'ai pas de leçon à lui donner mais mois j'acte que pendant quatre mois il ne fait pas partie de notre groupe et que sa parole, il est le seul a en être responsable et elle ne nous représente pas."
"On ne peut pas s'attarder sur qui est mon voisin"
Mercredi après-midi, on sent qu'elle se serait bien passée de ce voisinage annoncé et de cette situation transitoire qui nécessairement parasiter son travail. Mercredi après-midi, il n'était pas en séance, elle non plus d'ailleurs, elle était en Commission des lois. Andrée Taurinya est intarissable sur ce travail parlementaire qu'elle découvre, également sur le fait qu'elle était en séance jusqu'à 1h30 du matin mardi pour interroger le ministre de l'Éducation PapNdiaye sur la création d'un statut pour les accompagnants d'enfants handicapés à l'école. Alors Adrien Quatennens, hein ?! "Je ne le connais pas plus que ça, dit-elle. Il revient, il est non-inscrit. Il est assis à côté de moi. Il n'est pas dans le groupe. Il est assis au bout du groupe parce qu'on n'a peut-être pas pu le faire assoir ailleurs mais il y a des choses beaucoup plus importantes il me semble par rapport à la réforme des retraites. Mon sujet, c'est ça. J'étais en audition par rapport au texte asile, immigration, intégration. Le reste, il y a une décision qui a été prise, on continue à avancer."
"On ne peut pas s'attarder sur qui est mon voisin, qui n'est pas mon voisin. Il y a des sujets qui sont extrêmement importants pour des millions de français."
Andrée Taurinya, députée LFIà franceinfo
Quand on lui rétorque que les violences conjugales sont aussi un sujet, Andrée Taurinya répond que "oui bien sûr !" Elle rappelle d'ailleurs qu'avant de revenir vraiment dans le groupe, Adrien Quatennens devra avoir suivi une formation sur les violences faites aux femmes… (Elle ne sait d'ailleurs pas s'il l'a déjà suivie). Mais très vite elle revient sur son histoire : les acquis du Conseil national de la résistance, menacés selon elle par la réforme des retraites.
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