Qui est Zuzana Caputova, la présidente slovaque, pro-européenne et pro-environnement possible future secrétaire générale l’OTAN ?
Le président Emmanuel Macron effectue depuis le mercredi 31 mai une visite en Slovaquie et en Moldavie à l’occasion notamment du forum Globsec, dédié à la sécurité en Europe de l'Est et du Nord. Depuis son arrivée, une femme inconnue ici en France est très souvent à ses côtés, c’est la présidente slovaque, la première femme à ce poste. Zuzana Captiva, élue au printemps 2019 à la tête de ce petit pays de cinq millions d'habitants coincé entre la Hongrie et la Pologne, a une fonction en partie honorifique, mais son profil très particulier dans cette partie du continent lui confère une place assez particulière sur la scène européenne du fait de ses convictions très pro-européennes, ses préoccupations écologiques et sa lutte contre la corruption.
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Cette grande femme blonde ne vient pas du monde politique et elle aurait même eu toutes les raisons de ne jamais y venir. Zuzana Čaputová a 49 ans. Elle est née à Bratislava, capitale de la Slovaquie. Elle étudie le droit à l'université Comenius à la fin des années 90. Elle travaille d’abord pour l’administration municipale de Pezinok, pas très loin de Bratislava et devient avocate spécialisée en environnement. Elle ouvre notamment aux côtés de l'ONG "Via Iuris" qui est le centre slovaque pour les Droits de l’homme, particulièrement mobilisé sur la gestion des déchets qui est un énorme sujet dans cet ancien pays du bloc soviétique notamment pour faire évoluer la législation des plans d’urbanismes.
À ce moment-là, il se trouve qu’une initiative citoyenne se met en place pour liquider une décharge qui se trouve à 150 mètres des habitations et qui provoque des maladies dans sa commune, Pezinok. L’avocate la soutient. Un projet de 2e décharge naît alors. On est en 2000 et elle a 27 ans. Pendant des années, elle enchaîne les recours administratifs et les manifestations. C’est vraiment le combat de sa vie, mais c’est un échec. Cette décharge est finalement construite en 2009. Zuzana Caputova continue toutefois son combat y compris contre la lenteur administrative et la corruption.
Du combat écologiste à la présidence slovaque
En 2010, avec une quarantaine d’habitants, elle saisit finalement la Cour de justice de l’UE qui est les entend en 2012, et leur donne raison en 2013 ! Le permis d’exploitation est annulé et la décharge fermée. Ce dénouement vaut à l’avocate le prix Goldman pour l’environnement, une sorte de prix Nobel vert. Remis par une fondation aux États-Unis (Une autre intruse de l'actu a également été primée : la Française Lucie Pinson). Et quand Zuzana Caputova monte à la tribune pour recevoir son prix en 2016, elle laisse jaillir un véritable cri du cœur et de détestation du monde politique : "Je vais vous parler comme femme et comme maman plutôt que comme avocate. Cette histoire a commencé il y a 17 ans ! C’est une expérience exceptionnelle et un cadeau, car j’ai appris à dominer ma peur. Cette peur s’appelait le cancer qui faisait souffrir tant d’habitants de ma ville. J’ai vu l’arrogance et la vulgarité du pouvoir politique et du pouvoir économique. J’ai appris comment combattre le mal ! Mais n’ayons pas de haine ! C’est la seule façon pour que la démarche soit efficace et juste !" Lance l’avocate, très émue, et régulièrement interrompue par des applaudissements nourris.
On se dit que la politique n’est définitivement pas pour elle, et finalement, surprise ! Elle se lance l’année suivante en 2017. Elle fonde le parti "Slovaquie progressiste" qu'elle quitte finalement pour se présenter à la présidentielle en 2019. Libérale sur le plan économique et sociétal, elle se prononce pour un accès à l’IVG, une reconnaissance des droits de couples homosexuels, ce qui a suscité le débat au sein de l’Église catholique. La campagne tourne aussi beaucoup autour des questions d’environnement et de corruption : le pays est alors sous le choc de l’assassinat d’un journaliste et de sa fiancée, qui enquêtait sur des liens présumés entre les politiques slovaques et la mafia italienne. Caputova se retrouve au 2e tour face au commissaire européen Marcos Sefcovic, soutenu par le pouvoir en place. Elle le bat et devient la première femme présidente du pays ce qui suscite un immense espoir dans le pays.
Elle semble ne pas vouloir s'arrêter là. Aujourd'hui, la situation politique est assez confuse depuis qu'aux législatives de 2020, son parti n'a pas atteint les 7% nécessaires pour obtenir des députés. Depuis les premiers ministres par intérim se succèdent. Elle a nommé il y a trois semaines Ludovit Odor, le gouverneur-adjoint de la banque centrale. Mais Zuzana Caputova pourrait bien poursuivre sa route effectivement du côté de l'OTAN. Totalement en phase avec l'Europe et l'alliance atlantique sur le soutien à l'Ukraine, Caputova fait partie des quelques noms pressentis pour prendre la succession de Jens Stoltenberg comme secrétaire générale à l'automne.
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