COP27 : qui est Aileen Getty, l’héritière du pétrole qui finance l’activisme climatique radical ?
L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.
En matière d’action climatique, le face-à-face classique, encore observé ces dernières 48 heures entre Total et Greenpeace, oppose le pétrolier d'un côté et l'écologiste de l'autre. Le premier soupçonné d'avoir minimisé son bilan carbone en 2019 qui rétorque au second qu'il se trompe dans ses calculs.
Mais ici, avec notre intruse philanthrope, 65 ans, américaine, les positions s'inversent. AIleen Getty dont la famille a fait fortune dans le pétrole, se réjouit de voir des activistes climatiques jeter de la soupe sur un tableau de Van Gogh à la National Gallery de Londres. Elle l'écrit dans une tribune publiée dans le Guardian (lien en anglais) : "Nous devons prendre des mesures disruptives face à la crise climatique avant qu’il ne soit trop tard."
Cet engagement climatique ne lui a pas pris, comme ça, en se réveillant il y a 15 jours. Cela fait deux ans qu'elle finance l'action climatique radicale via un fond qu'elle a co-fondé le Climate Emergency Fund, et qui soutient des mouvements comme Extinction Rebellion et même Just Stop Oil dont se revendiquent les lanceurs de soupe de ces derniers jours. Bref, c'est comme si une héritère des pesticides finançait désormais le bio ou le veganisme.
Une adolescence rebelle
Dans la famille Getty, le grand père, Jean-Paul fonde dans les années 1960 la Getty Oil Company. Tout va bien pour lui : en 1966, il est même l'homme le plus riche du monde selon le Guiness des records. À la fin de sa vie, il utilise une partie de cette fortune pour monter une académie pour l'art et un musée de l'antiquité - qui va devenir plus tard le musée Getty près de Los Angeles. Mais à sa mort en 1976, il reste quelques milliards de dollars que se partage ses cinq enfants - issus de cinq mariages - qui finalement vendent l'entreprise quelques années plus tard, on est en 1984. Parmi les cinq, on connait surtout Mark qui cofonde l’agence photo Getty Images.
Dans sa biographie publiée en 2022 par James Reginato, on découvre le parcours, pour le moins douloureux, de cette Aileen : l'enfance en Italie puis dans un pensionnat chic au Royaume-Uni. Une adolescence rebelle qui la plonge dans la cocaïne, comme son petit frère, qui sera enlevé par la mafia, pour lequel le grand père refusera de verser une rançon jusqu'à ce que les ravisseurs lui envoie une oreille découpée du petit-fils. Ce parcours chaotique passe aussi par un mariage. En 1981 - elle à 24 ans - elle épouse le fils d'Elisabeth Taylor, Christopher Wilding dont elle aura deux enfants. Un mariage durant lequel elle contracte le Sida lors d'une relation extra-conjugale non protégée et qui s'achève par un divorce au bout de six ans.
Différents combats
C'est vraiment une autre Aileen Getty qui ressort de toutes ces épreuves. En 1991, lorsqu’elle révèle sa séropositivité, elle explique dans une interview que, sans le VIH, elle serait restée "une victime ! De ses parents et de son héritage". Elle s'engage dans différents combats, le Sida bien sûr, les sans-abris également, ralliant à ses cause Lady Di ou Elton Johh. Soutenue, par son ancienne belle-mère, Elisabeth Taylor qui, elle, a fondé, la Fondation américaine pour la recherche sur le Sida.
La défense de la planète s’ajoute progressivement à cette liste. Dans sa tribune au Guardian, elle en parle comme d'un serment, celui "de mettre ses ressources au service de toutes les mesures nécessaires à la protection de la vie sur Terre." L'hiver dernier, elle avait déjà signé une tribune avec une autre héritière du pétrole, Rebecca Rockefeller. Elle s'associe avec d'autres bailleurs comme Rory Kennedy, la nièce du président assassiné.
Son Fonds d'urgence climatique aurait déjà distribué 3,5 millions de livres sterling à la coalition mondiale "A22", fondée notamment par Just Stop Oil. Elle finance les voyages, l'hébergement des activistes, les banderoles ou la location de salles. Outre les lancers de soupe, les militants de Just Stop Oil ont bloqué les routes ces dernières semaines en Grande Bretagne. Nul doute qu'on en entendra parler en marge de la COP de Charm El Cheikh qui démarre dimanche.
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