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Vote de confiance : Valls fait du Jospin

C'est le jour du grand oral de Manuel Valls à l'Assemblée : le Premier ministre veut rassurer sa majorité et imprimer sa marque.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (©)

Il applique la méthode Jospin :
je discute avant, pour impliquer tout le monde après.

Le tout sans se dévoiler, personne
ne sait ce qu'il va dire dans le détail : Manuel Valls s'est bien gardé de
tout laisser filtrer dans les médias, de façon à ne pas court-circuiter, ne pas
mépriser les corps intermédiaires, et surtout les députés de son camp.

C'est pour cela que le
nouveau locataire de Matignon les a tous reçus, jusqu'aux écologistes et au
Front de Gauche hier.  Claude Bartolone,
le président de l'Assemblée nationale, avait ouvert le bal, la semaine
dernière, comme pour envoyer un message: le parlement est de retour. Puis sont
venues les personnalités, intellectuels, économistes, experts en tous genres, comme
si tout recommençait. Et surtout les représentants des 86 socialistes en
colère, dimanche soir, les députés à la gauche du PS, les reconstructeurs, les aubrystes,
tous ceux qui réclament une inflexion. Il fallait bien les câliner un peu, c'est
fait.

Ils vont voter la confiance ?

Ça passera sans problème. Ceux que ça démange savent
bien que s'ils renversent le système, François Hollande dispose de deux boutons
nucléaires : le 49/3 pour faire passer son pacte et autres textes. Mais gouverner
par ordonnances deviendrait vite invivable.

Ou bien la dissolution :
il ne resterait que 50 députés à la sortie, et Jean-François Copé serait nommé
Premier ministre. Un cauchemar pour les flibustiers en colère, qui vont donc lui
accorder leur confiance cet après-midi. Mais pas à n'importe quel prix : Manuel
Valls les consultera, les impliquera dans les réformes. Comme l'a fait Jospin
jadis. Et personne ne bougeait.

Quand la confiance sera
acquise après son discours ce soir, nous pourrons dire : Valls
l'impétueux, le sanguin, l'homme qui la jouait perso, a désarmé la critique.

Qu'est-ce qu'un discours de politique générale
réussi ?

Un discours que tout le monde
aura oublié ! Non pas parce qu'il sera nul, mais parce qu'il n'aura pas
été raté. Manuel Valls ne doit pas glisser sur une marche et dégringoler dans
l'escalier.

Exemple d'un ratage dans
toutes les mémoires : Pierre Bérégovoy, le 8 avril 1992, il y a 22 ans
jour pour jour, brandissant une feuille et menaçant les " corrompus ".

Manuel Valls, son lointain
successeur, va jouer l'apaisement, seule attitude possible après la sanction
des municipales. Même si la droite votera massivement contre.  

A surveiller tout de même le
clan des Chiche. Le sarkozyste Frédéric Lefebvre a écrit : " je
connais Monsieur Valls depuis 21 ans, il faut attendre le discours et n'écarter
aucune éventualité ".

Il faut s'attendre à des révélations ?

Pas sûr. Le Premier ministre est
attendu sur la justice sociale, le rythme des réformes, voire même une
inflexion en matière de déficits publics, mais sans plus. Le détail du plan de
50 milliards d'économies, domaine réservé du président sera dévoilé dans les
semaines qui viennent.

Il restera... le style Valls.
La comparaison avec son prédécesseur va prendre deux minutes. La confiance
votée, le plus dur débutera le jour d'après. Après Chelsea-PSG. Demain matin.

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