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Travailleurs détachés : quelle stratégie au PS ?

Le PS a-t-il vraiment une stratégie pour les prochaines élections ? Certains socialistes estiment que le compte n'y est pas dans l'accord arraché à Bruxelles sur les travailleurs détachés.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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C'était la fenêtre de tir
rêvée : enfin un sujet fédérateur, le dumping social européen, furieusement
anti-Bruxelles, mais en même temps profondément européiste, qui devait permettre
au Parti Socialiste de se refaire une santé et de réconcilier toute la gauche,
à un moment où Marine le Pen d'un côté et Jean-Luc Mélenchon de l'autre
aiguisent leurs sabres pour faire une razzia, notamment aux prochaines
européennes. "Nous pouvons mettre une grosse claque à une directive
injuste et battre le FN sur l'un de ses sujets favoris
", promettait Benoit
Hamon, ministre de la consommation et chef de file en sommeil de l'aile gauche
du PS.

Et la grosse claque a été donnée ?

Oui et non. Michel Sapin peut
certes souffler. Paris a arraché un accord inespéré pour durcir l'encadrement
de ces travailleurs détachés : des contrôles renforcés devraient permettre
de faire la chasse aux abus, dans le secteur du BTP, avec des ouvriers souvent
payés en deçà du salaire minimum. Même les Polonais ont signé, eux qui
fournissent les plus contingents, et pas seulement des plombiers. La victoire
n'en est que plus belle. Reste que la directive de 1996 qui permet de continuer
à payer les cotisations sociales du pays d'origine ne sera pas abrogée. Les entreprises
vont continuer à embaucher low-cost, et le chômage va se creuser un peu plus, nos
travailleurs sont plus chers. Le sujet est une bombe à retardement. Cette
victoire à mi-chemin sera difficile à vendre dans la bataille qui s'ouvre.

Le PS organisait pourtant une convention sur les
élections ce week-end.

Un vrai flop. "Nous
n'avons pas communiqué dessus, personne n'était au courant que Martin Schulz et
400 représentants venus de toute l'Europe se sont mobilisés à Paris avec
nou
s", se lamente un cadre du PS, qui regrette que l'événement n'ait pas
fait une ligne, ou si peu. Il faut dire que la concurrence était rude, entre la
mort de Nelson Mandela et les opérations en Centrafrique. Mais le débat sur les listes européennes a été expédié en
quatrième vitesse, notamment la suspension de la liste sud-ouest, rejetée par
les fédérations PS locales opposées au parachutage d'une mystérieuse tête de
liste du Parti Radical de Gauche.

Le PS est-il conscient du risque encouru aux
prochaines élections ?

Pas vraiment, selon certaines voix
assez critiques envers Harlem Désir. "Le Parti Socialiste va bien,
mais cela ne dépasse pas les murs de la rue de Solferino. Où est la
stratégie",
s'interroge une personnalité socialiste, qui reproche à la
direction du PS de croire que c'est le gouvernement qui est conspué, pas le
parti. Et que les municipales seraient quasiment dans la poche, avec des maires
sortants populaires qui se feront facilement réélire. François Hollande
lui-même parie sur des municipales relativement favorables. Quant aux
européennes, le succès de Michel Sapin hier à Bruxelles est censé remotiver les
troupes. Cet optimisme inquiète dans les rangs socialistes. Gare aux lendemains
qui déchantent. En cas de casse électorale, il faudra peut-être faire appel à
des ouvriers polonais ou roumains pour venir réparer les éventuels dégâts. 

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