Quand François le Laïc rencontre François 1er
Dieu sait si la presse
italienne s'en est pourtant emparée. "Valérie è pronta a perdonare
Hollande ", a titré il Corriere delle Sera, qui a osé un pronostic :
le président s'apprête à affronter seul le reste du quinquennat, croit savoir le
quotidien milanais, paroles d'experts au pays de Berlusconi, en écho aux
interrogations bien franco-françaises sur
la nécessité ou pas de créer un statut de première dame, ou d'en finir une
bonne fois pour toutes. Les Italiens se délectent des ennuis sentimentaux de
notre président, comme pour se dédouaner, si cela était encore possible, des frasques dantesques de leur ancien président du conseil. Mais franchement, la comparaison des situations s'arrête là.
François Hollande ne va pas à Rome pour parler de lui...
De sa situation privée, il ne
sera évidemment pas question au cours de son entretien d'une demi-heure avec le pape dans la Bibliothèque apostolique
vaticane ce matin. "La rencontre ne va pas virer au confessionnal" ,
assure monseigneur Bernard Podvin, le porte-parole de la Conférence des évêques
de France. Le pape François est certes un Jésuite, il sait promulguer de
précieux conseils afin de soulager les âmes. L'échange sera celui de deux hommes
d'Etat, le pape sait faire le discernement. La direction spirituelle aurait
beaucoup à dire, là en l'occurrence, elle ne dira rien.
Les sujets ne seront-ils que d'ordre purement protocolaire
?
Le président et ce pape,
présenté comme plus à gauche que lui quand il fustige la finance, évoqueront le
conflit syrien et le sort réservé aux chrétiens d'Orient. Mais ils pourraient
également échanger sur les catholiques de France, qui s'interrogent. François Hollande
silencieux sur le sujet est pourtant une ancienne ouaille du pensionnat
Jean-Baptiste-de-La-Salle de Rouen. Education catholique, une maman très catho
de gauche, le chef de l'Etat reste mystérieux sur l'évolution de sa foi. Ses
proches le disent agnostique, hésitant à se prononcer sur l'existence de Dieu,
toujours la synthèse. Que dira François 1er à François le laïc sur
cette communauté catholique nationale qui attend un signal. "Ce pape
a la confiance d'un milliard d'hommes, les retombées sur la société française seront très importantes" , prédit Mgr Podvin : cette
visite ne sera donc pas seulement protocolaire, elle est aussi très attendue
parce que les sujets qui fâchent ne manquent pas, mariage homo, PMA, GPA, fin
de vie... Les catholiques de France, qui disent participer à la lutte contre la
précarité et contribuer aux soins palliatifs, ne se sentent plus reconnus ou
écoutés.
Le débat sur l'IVG clivant.
C'était celui de trop : le
texte, incontestable sur le fond, parce qu'il met la loi en conformité avec
l'usage, a provoqué d'inutiles polémiques et de vains débats sociétaux - l'IVG
n'a jamais été menacée- à un moment où le pays doit concentrer son énergie au
rétablissement de son économie et la lutte contre le chômage. Certains
socialistes ont regretté le moment choisi. François Hollande, garant de la
laïcité sur la base de la loi de 1905, ne devrait pas s'éloigner des ses propos
tenus lors de sa conférence de presse, salués par l'Episcopat français, quand il a estimé que chaque communauté religieuse devait être
respectée de manière équitable. L'église catholique de France attend un signe
d'apaisement de ce président qui fut l'un de ses enfants, et n'a sans doute
jamais tourné le dos aux "forces de l'esprit".
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