Pas d'armistice pour François Hollande
Il
n'y aura pas d'armistice pour le président. "Quand
les moments de rassemblement ne sont plus
respectés, quand l'unité nationale est bafouée, quand une garde des Sceaux
subit des insultes raciales, c'est que quelque chose ne tourne plus rond dans
ce pays. Il faut que ça change ", martelait hier soir l'un des poids
lourds du Parti socialiste. Relayé en ce sens par Malek Boutih, le député socialiste
de l'Essonne, qui réclame ouvertement ce matin, dans les colonnes du Parisien,
le remplacement de Jean-Marc Ayrault et un remaniement d'urgence pour sortir
François Hollande de son isolement au sommet du pouvoir. Signe d'une impatience
et d'une grande nervosité au sein du PS.
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"d'urgence" le départ de Jean-Marc Ayrault
C'est une évidence, au vu de
ces comportements totalement irresponsables, alors que la France honorait ses
morts, y compris les militaires tombés au Mali, une digue a bel et bien cédé
hier. Même si les huées sur les Champs-Elysées étaient le fait de
"mouvements d'extrême-droite ", comme l'a déclaré Manuel Valls, les
73 interpellations - du jamais vu lors d'une commémoration- et les sifflets qui
ont accompagné le chef de l'Etat à la sortie de la mairie d'Oyonnax démontrent
qu'il n'est plus respecté, qu'il est devenu le bouc émissaire des Français
confrontés à leurs difficultés quotidiennes.
Pourquoi le président est-il directement visé ?
Plusieurs députés de la
majorité font le même constat : "Les gens ne nous disent pas :
ce n'est pas vous qui êtes nuls, les socialistes, mais c'est François Hollande" ,
raconte un député. Sondage après sondage, sa côte de popularité s'effondre un
peu plus, pour atteindre les abysses. 21% d'opinions favorables dans le dernier
baromètre Ipsos-Le Point, les chiffres n'ont plus aucun sens. Pour Claude
Bartolone, nous sommes entrés dans une nouvelle ère, où tout est instantané,
alors que la politique a besoin de temps, regrette le président de l'Assemblée
nationale. Toujours est-il que les Français ont la
sensation de ne plus maitriser leur avenir, entre une fiscalité galopante et
des décisions venues de Bruxelles qui affaiblissent à leurs yeux la
souveraineté nationale. Les sujets de mécontentement s'enchainent à un rythme
d'enfer : après les sifflets, voici venir la grève contre les rythmes
scolaires et la fronde des artisans. Au final, et les principaux responsables
de la majorité font le même constat, le chef de l'Etat est trop exposé. Il
mérite protection, il en va de l'équilibre des institutions. Malek Boutih ne
dit pas autre chose.
Pourquoi ne pas remanier tout de suite ?
C'est là que ça coince :
comment faire avant les municipales ? Les poids lourds sont en campagne,
comme Martine Aubry à Lille. Même Bertrand Delanoë ne pourrait pas rentrer
avant mars, sinon Anne Hidalgo serait bombardée maire de Paris avant de livrer
bataille, ce qui serait désastreux. François Hollande peut au mieux déplacer un
Manuel Valls ou un Laurent Fabius à Matignon ou à Bercy, pour envoyer un
message. Oui, mais lequel ? Et pour quelle politique ? Il n'y a
qu'une certitude au lendemain de ce 11 novembre qui s'est transformée en Chemin
des Dames pour François Hollande : il lui faut renverser la table, envoyer
un signal fort, l'attentisme se heurte désormais à l'impatience des Français.
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