Nicolas Sarkozy veut tuer la concurrence à droite
C’est indéniable, il écrase tout le débat. Malgré ses déboires judiciaires, qui ont bouleversé son agenda, et une baisse notable dans les sondages, tout le monde s’accorde sur un point à l’UMP : s’il se présente à la présidence du parti, il l’emportera haut la main. Son opération victimisation a dopé les militants : ce sont eux qui vont voter à l’automne prochain. Ça, c’est dans le scénario idéal.
Mais la période prouve que le terrain est plus que glissant, et qu’il peut se passer beaucoup de choses d’ici au congrès de l’UMP. Nous n’en sommes qu’au début des révélations de l’enquête Bygmalion, qui s’avère big costaud. Tous ceux qui rêvaient d’un retrait définitif de l’ancien président vont devoir patienter : Nicolas Sarkozy, très en colère, plutôt redoutable dans ces moments, ne fera aucun cadeau, et va phagocyter toute forme de concurrence.
Sarkozy tue dans l’œuf toute velléité de prendre le relai
Les possibles prétendants à 2017, les anciens tels qu’Alain Juppé et François Fillon, ou les quadras Xavier Bertrand et Bruno le Maire, vont devoir la jouer serré, s’ils veulent conserver toutes leurs chances, et ne pas commettre de faux pas, s’ils veulent rester dans la partie, quelle que soit l’issue du combat.
Les nouveaux talents ne peuvent pas éclore. C’est très difficile dans cette UMP marquée par les divisions et les haines de l’après défaite présidentielle de 2012. Nicolas Sarkozy, en revenant au tout premier plan, tue dans l’œuf toute velléité de prendre le relai. Lui-même n’a jamais cessé de rappeler de quelle manière il était allé à la conquête du pouvoir en tuant ses pères successifs, Charles Pasqua puis Jacques Chirac. La politique est décidément un monde sauvage.
Certains pourtant y croient encore. Bruno le Maire, candidat à la présidence de l’UMP depuis le 11 juin, bien avant la mise en examen de l’ancien président, poursuit son tour de France, et assure vouloir se présenter à la régulière, sur le débat d’idées, y compris face à Nicolas Sarkozy. Et que le meilleur gagne.
Il peut exister un successeur crédible à droite ?
Aucun n’arrive à réellement s’imposer. Mais cela vaut pour l’ensemble de la classe politique. Le régime présidentiel de la Vème République, hérité de la monarchie, fait que personne au PS ne peut contester une candidature de François Hollande s’il décide d’y retourner.
Un leader de l’UMP explique de manière cynique : "On n’a plus besoin aujourd’hui de peser 51% pour être élu en 2017. Nicolas a fait entre 20 et 25% lors de son passage télé. Cela suffit pour se qualifier au deuxième tour face à Marine le Pen. Et la battre avec toutes les forces républicaines". Pas joli-joli. Nous en sommes là. De toute évidence, aucun Matteo Renzi n’émerge dans ce pays. Si les Bleus remportent le mondial au Brésil, nous pourrons toujours élire Didier Deschamps président.
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