Municipales: un choc pour la vie politique française
Il y a un symbole qui
marquera sans doute ces élections municipales : Marseille, qui devait être
le succès du PS pour masquer la défaite, est en passe de devenir justement la
ville qui marquera son échec. Avec une
double humiliation pour Patrick Mennucci, qui se faisait fort de tourner la
page Gaudin et échoue en troisième position derrière le FN. La rue de
Solferino hier en milieu de journée n'avait pas anticipé une telle déroute.
Pas plus qu'elle avait
imaginé que Nathalie Kosciusko-Morizet serait devant à Paris en nombre de voix,
même si ce ne sera peut-être pas suffisant pour battre Anne Hidalgo.
Ce premier tour se résume en
une grande claque, un vote sanction contre le gouvernement, renforcé par une
abstention record. Les ministres et les responsables socialistes ont eu beau défiler
hier soir, la mine des mauvais jours, pour rappeler qu'il s'agissait d'un
scrutin local. Mais les faits sont là, implacables.
L'UMP en tête de ces
municipales peut reprendre un grand nombre de villes à la gauche.
Mais le vrai phénomène reste
la percée – le mot est faible - du Front National, qui avec moins de 600 listes
a été en mesure de gagner une ville dès le premier tour et fera la pluie et le
beau temps dans près de deux cent villes, avec d'autres gains possibles.
Le FN a
bénéficié de l'abstention ?
Sans doute. Son électorat est
très mobilisé, contrairement à celui du PS qui est resté à la maison.
Mais ce n'est pas la seule
explication. Quelque chose a changé dans le climat politique national.
Les abstentionnistes d'un
côté, ils sont majoritairement à gauche, et tous ceux qui ont glissé un
bulletin FN dans l'urne de l'autre, ont exprimé un malaise français, une
crise profonde de notre société qui se traduit par un désintérêt, un désamour
de la politique, un rejet du système et des partis traditionnels, jugés
incapables de sortir le pays de ses difficultés.
La question du front républicain contre le FN est déjà
sur la table.
Elle va occuper les débats
jusqu'à la clôture des listes demain à 18h. Ce front, réclamé par le PS, est rejeté
par une UMP menacée par un grand nombre de triangulaires.
La stratégie du ni-ni défendue
par Jean-François va mettre la droite en ébullition, UMP et UDI sont en
désaccord sur le sujet.
Le gouvernement est désemparé.
L'appel de Jean-Marc Ayrault
à faire barrage au FN semble inopérant, d'un autre temps. Le PS va devoir
négocier avec les Verts, et avec le Front de gauche, fort de ses scores à deux
chiffres, avec un Parti Communiste qui a su conserver un grand nombre de communes.
Mais la dynamique reste chez Marine
le Pen : la présidente du Front national veut mettre un terme à la
bipolarisation de la vie politique française.
Si la poussée frontiste se
poursuit, et au deuxième tour dimanche, et aux Européennes de mai, nous irons
vers un scénario de tripartisme en France.
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