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Municipales : un air bien pollué

Une chape de pollution s'est abattue sur la campagne des municipales, au point de la rendre invisible. Le pic de pollution des affaires pourrait lui ne profiter à personne à six jours du premier tour.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
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Nous pourrions presque
demander à AirParif de prêter main forte à Ipsos pour analyser la qualité de cet
air devenu irrespirable pour la majorité comme pour l'opposition. Il faut dire
qu'en matière de boules puantes, le seuil d'alerte a été largement dépassé ces
deux dernières semaines.

Une chape de pollution s'est
abattue sur la campagne des municipales, au point de la rendre invisible. Les états-majors PS et UMP sont
dans un brouillard total. Personne n'est aujourd'hui en mesure de dire quel
camp aura le plus à souffrir dimanche prochain de la retombée des particules
fines des affaires.

C'est à croire que le
matraquage quotidien des écoutes Sarkozy ou de la polémique Taubira n'aura
suscité au final qu'indifférence et rejet de la part des électeurs. Comme si
l'opinion renvoyait dos-à-dos les deux camps qui s'affrontent jours pairs et
impairs.

La prédiction de
Jean-François Copé, selon laquelle ces municipales allaient tourner au vote
sanction, pourrait bien ne pas se réaliser, avec des électeurs au final peut-être
plus désireux de choisir leur maire que de sanctionner leur président. Un proche de François
Hollande résume d'une phrase entendue sur le pavé l'humeur collective à
l'approche du scrutin : "qu'ils règlent donc leurs problèmes entre eux à
Paris".

Que disent les instituts de sondages ?

Ils semblent confirmer ce
désir de revenir au "local", en tournant le dos à un climat
national de plus en plus découplé des préoccupations du quotidien. Du coup, majorité et
opposition font face à deux menaces bien distinctes :

  • A gauche, l'abstention
    pourrait faire basculer un grand nombre de villes socialistes par simple désaffection
    d'un grand nombre d'électeurs déçus.

  • Et à droite, la forte
    mobilisation du Front National devrait essentiellement fragiliser l'UMP.

La bataille des villes se dessine déjà ?

Un qui perd gagne qui
permettra à chacun des deux camps de revendiquer la victoire au soir du
second tour. Le Parti socialiste a le plus à perdre.

Parmi les villes de gauche
les plus en danger figurent Angers, Reims,  Pau, Amiens ou Metz, et celles de droite
Aix-en-Provence, Avignon, Bourges, Montauban ou Nancy. L'UMP mise sur Strasbourg et
Toulouse, que le PS pense être en mesure de conserver. Marseille, quant à elle,
reste une grande inconnue.

Plus nous allons nous
rapprocher du premier tour, plus nous allons devenir incollables sur la géographie
électorale. Il était temps que la campagne démarre.

Les affaires seront vraiment mises entre parenthèses ?

Rien n'est moins sûr, mais elles
sont tout bénef pour Marine le Pen et
plus personne n'a intérêt, à droite comme à gauche, à les agiter au risque de
fâcher un peu plus leurs électeurs, et d'assombrir un ciel déjà bien chargé.

Mais attention, l'alerte à la
pollution n'est pas terminée. Il suffirait d'un rien pour
que le pic soit de nouveau atteint.

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